dimanche 24 décembre 2017

LE DIABLE Å FRANCHESSE  ET EN BOURBONNAIS

Il y a bien longtemps déjà , Camille Gagnon , folkloriste reconnu , nous rapportait dans ses articles , ces vieilles histoires d'antan , contées par les anciens ,fortes d'une tradition orale riche , transmises de générations en générations. Ces histoires , que les vieillards racontaient lors des veillées , font souvent référence au Diable , et aux péchés capitaux , comme la paresse , l'envie et la luxure et que seule la présence assidue à la messe du dimanche semble être le seul rempart contre le Malin !

Voici donc deux belles histoires de Diable , celle du bouvier qui s’arrête boire des canons à Franchesse , et celle du "berlironneur " embauché par le Diable !

(2) commune de Franchesse




" Le Berlironneur ( joueur de musette ) juché à la pointe de la table avec son lit' de baco ! "









Le bon gros bourgeois , s’enrichissant sur le dos des bounhoumes ( aux origines ancestrales , lorsque la franchise établie en 1131 libère à Franchesse les bourgeois de l’impôt seigneurial ) mais où , paradoxalement , on vante les mérites des nobles seigneurs : Louis II de bourbon , tant aimé ,not' bon Duc de Loys , comme on l'appelait chez nous , aimé et adulé parce que tout le temps absent , et pour cause : toujours en guerre ! et les bounhoumes faisaient un peu ce qu'ils voulaient! 

Alexandre Cornieux

dimanche 17 décembre 2017

HISTOIRE DE CHEMIN

L'état de délabrement avéré de nos chemins Bourbonnais ne date pas d'hier . Déjà  au XVIIe siècle , Abraham Goldnitz , marchand et grand voyageur décrit son voyage effroyable à travers le Bourbonnais , tout comme la nuit qu'il passa à l'auberge du Cheval Blanc de Franchesse , ne fermant l’œil tant il craignait d'y perdre la vie.
Pourtant , les deux demandes ci-dessous , formulées et inscrites aux rapports et délibérations du Conseil Général de l'Allier sont modernes puisqu'elles datent respectivement de 1932 et 1936. Et puis Franchesse aurait du y trouver son compte. Pensez donc , les deux frères Gaume ,Joseph et Alexis , tous les deux conseillers généraux , ( et tous les deux quincailliers ) l'un de Bourbon l'Archambault , l'autre de Lurcy-Lévis, originaires de Franchesse , quelle aubaine!
Il est en bien mauvais état , ce chemin d’intérêt commun n°44 , surtout entre Franchesse et Avreuil ! Le CIC n°44, aujourd’hui D144 prend naissance dans le bourg de Franchesse et nous emmène jusqu'aux portes du Cher , passant par le hameau de Bloux pour finir à Augy-sur-Aubois. Ce chemin est chargé d'histoire , d'Avreuil et son château , en passant par Champroux où de puissants seigneurs rayonnaient , ou plus récemment sa fabrique de porcelaine réputée , employait jusqu'à 180 ouvriers en 1843. Il était était surtout le lien d'échange commercial indispensable entre Berry et Bourbonnais. D'ailleurs Franchesse , d'un point de vue historique a autant de racines Berrichonnes que Bourbonnaises. Cette dernière ne dépendait-elle pas autrefois de l'Archidiocèse de Bourges , avec sa majestueuse cathédrale vouée à  Saint-Etienne , tout comme notre petite église , et que nombre de puissants seigneurs , le duc de Lévi , le marquis de Sinéty , entre autres possédaient de nombreuses terres et domaines à Franchesse , en Bourbonnais , mais aussi en Berry ? D'ailleurs là-bas aussi on sait faire le pâté aux patates!

Alexandre Cornieux









dimanche 3 décembre 2017

1898






A l'aune d'une  population qui compte environ mille trois cent habitants , l'Annuaire de l'Allier , en cette année 1898 dresse la liste non exhaustive des commerçants , artisans et propriétaires principaux sur notre belle commune. Un bourg bien vivant , où tout ou presque est à disposition, en autarcie indispensable et forcée , tant les moyens de transport et de communication apparaissent comme dérisoires. Bientôt un siècle nouveau , le vingtième, porteur d'espérance et de nouveautés , leur promet un avenir moins laborieux , mais aussi porteur de malheur . Mais cela , ils ne le savent pas encore...
Franchesse en 1898, recense 300 maisons , 303 ménages et 1332 habitants, soit environ 4.5 personnes par maison.
Au niveau des soins médicaux , notre village compte 1 médecin pour 1332 habitants . De nos jours , en pleine problématique de désert médical , le département de l'Allier compte 1 médecin généraliste pour 762 habitants ( environ ).  En cette toute fin de XIXe siècle , ce n'est pas un désert médical mais un véritable no man's land !

-Léon Roquet est maire tandis que notre curé Nicolas Soulier dispose d'une  cuisinière , Marie Parraud.
- Pierre Laprugne , 41 ans , est l'instituteur public  du village ; il est secondé par Alin Desprès ,instituteur adjoint.
- Jeanne Courtial ,34 ans dirige l'école libre , aidée par Marie Aline Brun , 22 ans et la cuisinière , Sophie Grève , 43 ans.
- 3 aubergistes : Cognet ( également maréchal ferrant ), Auger et raymond ( mais aussi transporteur )
- 5 cafés : Reine Allot ( femme de Balthazar Giraud  ,le boulanger ) , Auger , Raymond ( aussi transporteur ) et Cognet
- 1 débitant de tabac ( officiel) : Pierre Peubrier
- 1 boulangerie : Reinne Allot , Giraud père et fils
- 1 boucherie : Jean Giraudet
- 1 charcuterie : Jean Donat
- 6 épiceries : Gaume ( modiste et perruquière ! oui, oui!), Jeudi  ( Claude Jeudi était aussi cordonnier et sa femme, Jeanne Cognet ,rouennière , je ne ferai pas l'affront à mes lecteurs d'en donner la définition ! ) Lafaix , dard ( également sabotier ! ), Mangin ( Joseph était huilier et Aimée Ruther son épouse épicière,parents de gilbert, capitaine tué en 1916) Peubrier Pierre ( mais aussi buraliste )
- 5 sabotiers : Dard ( épicier  aussi ), Gaume ( Laurent cf mon article sur la famille Gaume ),Germain ,Fontenille et Deveaulx.
- 2 maçons : Berthommier , dit" Sylvain" ,Maillant
- 2 charpentiers : Aupetit , dit " Michelat" , Jean-Marie Guelin
- 2 cordonniers : Jeudi , Maume
- 2 charrons : Claude Allot et Larue
- 1 transporteur : Raymond ( mais aubergiste )
- 3 entreprises de battage de grains : Allot ,Bernard et Méténier
- 4 maréchaux : Barberousse , Bouille , Bosquet , Cognet
- 3 menuisiers : Lafait Antoine ,( futur receveur des Postes et buraliste ) Pierre Peubrier , ( aussi débitant de tabac ) et Peyrethon
- 3 marchands de tissus : Jeudi ( mais aussi cordonnier ), Dard ( le sabotier ) et Gaume ( sabotier , modiste , perruquier et marchand de nouveautés)
- 3 tailleurs d'habits : Creuzet , Joachim ( le mari de la "Chabouite" ) et Claude Joligard ,52 ans.
- 1 sage femme : Mlle Auclair Anna ( dite la "Nana , cf mon article " Tragique fait divers ")
- 1 médecin : Achille Gouraincourt ( cf mon article Achille Gouraincourt , médecin des pauvres )
- 2 cantonniers Autissier et Juge

Et les grands propriétaires ...
- Bardonnet à Moulins
- Choussy à Bourbon
-  Foucaut aîné à Limoise
- Foucaut Jeune à Franchesse
- Gouraincourt à Franchesse
- Mlle Grandpré à Neuvy
- La Coutûre à Franchesse (cf mes aticles : Louis Ernest La coutûre , maire de Franchesse , dont l'épouse Eugénie Foussé de Gournay était Américaine et leur premier enfant , André né en Australie!)
- Berthelet à Moulins ( propriétaire du Château du Pontet)
- Muret Henri ( oncle de Victor , cf mon article sur Victot Muret )
- Léveillé à Saint-Hilaire ( Jean-François Léveillé , époux de Claudine Berthelet ,était maire de Franchesse )
- Saulnier à Saint Léopardin d'Augy
- Sevaux , avocat général , propriétaire du château d'Avreuil
- Tailhand Athur ( avocat à la Cour d'Appel de Paris ),
- Thonier à Moulins ( cf mon article : le château de la Couhard )
- Golliaud à Trevol
- Roquet Léon ( ancien député et maire de Franchesse , (cf mon article " Quand Léon Roquet de souciait de l'instruction des Lanciers ")
- les veuves Place et Chenu à Bourbon

Et les gros fermiers ...
- Foucaud Jeune , Giraudet , Duballais Ernest , Bernard , Parnière , Gardien et Berger.

C'était une autre époque. Un bourg plein de vie, mais une vie de labeur avec de rares distractions . Seul un peu de répit le dimanche où l'on se réunit au café . Parfois quelques heurts entre "les gars du bourg et les gars de la campagne" , immortalisés par la plume de Guillaumin .
Bonne lecture ,
Alexandre



Merci à Louis Delallier

dimanche 19 novembre 2017

ÊTRE MAIRE DE FRANCHESSE SOUS LA SECONDE RESTAURATION ( Charles X )

Entre les dotations de l'Etat qui fondent comme neige au soleil , et jongler avec les dépenses de fonctionnement et d'investissement , il n'est pas tous les jours facile même pour le maire d'une petite commune , d'atteindre l'équilibre. Être maire aujourd'hui est-il plus difficile qu'il y a cinquante ans , un siècle , deux ? Jean-Baptiste Heurtaut , maire de FRANCHAISE, ( Sous la première Restauration on écrivait déjà FRANCHAISE ), bataillait dur , pour trouver l'argent nécessaire et faire face aux dépenses imprévues. Le même Jean-Baptiste Heurtaut , ancien capitaine des grandes batailles napoléoniennes , décoré de la Légion d'Honneur , ( cf mon article sur Jean-Baptiste HEURTAUT ), est contraint de quémander auprès des riches propriétaires de la commune .
La merveilleuse lettre ci-dessous , écrite le 3 mai 1828 par le maire Heurtaut , adressée à un certain Mr SAULNIER d'Agonges est une mine d'informations. On apprend entre autre , que le Conseil Municipal , composé des dix plus gros propriétaires de la commune ne se réunit qu'une fois par an ( du 1er au 15 mai de chaque année ) le dimanche . En 1828 également , le maire doit faire face à un dépassement de budget conséquent , il a fallu refaire entièrement le mur du cimetière ( il ceinture l'église à cette époque ) et faire de gros travaux à l'église et à son clocher. " Nous nous sommes encore mis à découvert pour 495.50 Francs dont il faut pourvoir " J'adore particulièrement "le encore"! Et que penser du montant du loyer du desservant ( on ne dit plus "curé" à cette époque !) : 355 francs par an ! Somme conséquente au vu des salaires des années 1830 : en moyenne 350 francs/an pour une cuisinière , 500 francs/an pour un domestique et jusqu'à 700 francs/an pour un jardinier et il s'agit là de francs or ! Et un curé... 900 francs ,1000 pour les desservants de 60 à 70 ans!

20 francs or Charles X , monnaie de référence 
Mais cette lettre est avant toute chose une convocation d'un maire à son conseiller municipal en vue d'un prochain conseil ( Heurtaut aurait donc écrit dix lettres à la main , il n'y a pas de photocopieuse , encore moins d'ordinateur en 1828 ! ). Saulnier est donc convoqué dimanche 11 mai ,11 heures du matin à la mairie de Franchesse  mais si ce dernier a un empêchement , il pourra discuter avec le maire le 12 à la foire de Souvigny ! Allons donc !

Il me parait vraisemblable que le destinataire de cette missive , Monsieur Saulnier appartiendrait à la "branche" des Saulnier de Praingy , puissante famille d'Agonges , propriétaire du château de Praingy sur la dite commune et à Franchesse notamment. Des descendants de cette famille seront plus tard maires d'Agonges et de Couzon.

Du





Les documents manuscrits sur Franchesse ( hors archives municipales ) sont  rarissimes. Alors profitons en ! Merci à mon frère GG ( grand spécialiste du Corps Préfectoral devant l’Éternel ! ) pour l'envoi de " cette pépite de presque 190 ans ! "




samedi 18 novembre 2017

LA VIEILLE EST MORTE CE MATIN ( nouvelle)

Vieille femme sur son lit de mort ( école flamande , auteur inconnu ,vers 1621)
Juin 1946.
La vieille est morte ! La vieille est morte ! La Jeanne accourt  à bout de souffle ,  perd un sabot , entre dans la boulangerie : la vieille est morte ! Elle l'avait trouvée là , dans son lit , paisible , et comme seul désordre , un livre tombé au sol dans la grande chambre de la maison. La rumeur se propage comme une traînée de poudre. La vieille , tout le monde la connaissait dans le bourg. Elle était là , intemporelle , faisant partie du décor , une évidence , comme ayant toujours existé , à sa place dans sa grande maison bourgeoise du bourg de Franchesse. Personne ne savait vraiment quand elle était arrivée .
A l'annonce de sa mort , les langues se délient : si c'était pas malheureux cette grande maison pour elle toute seule! Elle a pas d'héritiers , personne vient la voir ! Et puis , on ne s'attarde pas trop sur son sort ; demain dimanche , premier du mois de juin , c'est la foire à la loue , la Saint Baso ! On a autre chose à faire que de s'apitoyer sur la vieille !
On la craignait mais on la respectait , des rumeurs lui prêtant d'obscures dons de voyance , capable de jeter des sorts. Et souvent , aux enfants dissipés , les mères lançaient " si t'es pas sage , je t'envoie chez la vieille !" Parfois , les plus hardis lançaient des cailloux sur la façade , brisant même une ou deux vitres. Alors elle sortait , fixait les garnements , et sans mot dire les voyait détaler comme des lapins. Jeanne nettoiera demain matin.
 Elle non plus ne savait pas grand chose sur sa patronne. Souvent questionnée , Jeanne racontait qu'elle avait des beaux meubles , des tableaux et des livres , beaucoup de livres et puis un portrait sur le mur du salon , un élégant soldat ,sûrement son mari , pensait elle . " Elle est pas très causante , elle mange comme un oiseau et puis elle est frileuse avec ça , je bassine son lit tous les soirs !" La bâtisse aux murs épais gardait bien la fraîcheur , et il était fréquent que la cheminée soit allumée , même en juin. Jeanne , au fond l'aimait bien sa patronne , malgré tout ce qu'on racontait ; elle avait pour elle comme une sorte de pitié , et puis après tout , elle payait bien!

Adélaïde , fille unique d'un père directeur des houillères de Lorraine  et d'une mère au foyer , avait vu le jour au sein d'une famille heureuse , issue de la bonne société bourgeoise , catholique et bien pensante .Elle avait reçue une solide éducation dans les meilleurs écoles, une enfance sans problèmes ,dans la quiétude de Faulquemont. Adulte , elle était devenue une jeune femme intelligente , cultivée et curieuse de tout . Elle aimait le théâtre et fréquentait les cercles littéraires , " l'intelligentsia Messine ". Elle s'y rendait d'ailleurs aussi souvent qu'elle le pouvait. A Metz , elle avait croisé le regard de Guillaume , jeune officier de passage à la caserne Kaiser Wilhelm . Elle l'avait trouvé tellement élégant dans son beau dolman brandebourg , courtois et cultivé; elle avait tout de suite su , comme une évidence , qu'il serait l'homme de sa vie. Ils s'étaient rapidement mariés , un avenir radieux se profilait , fonder une famille.

Personne n'est dupe. L'apparente quiétude d'un monde en paix , se voile peu à peu d'un épais rideau de craintes et de pressentiments. La France décrète trois années de service militaire ; cela ne présage rien de bon. Puis la guerre éclate , et Guillaume , officier de l'armée du Kronprinz va combattre les Français. C'est un déchirement , pourquoi se battre contre un pays qui est le sien ? N'étaient-ils  pas Français , de cette chère Lorraine , il y a peu  ? Guillaume n'était-il pas peu fier de ses racines Bourbonnaises , élevé par une  grand-mère  Franchessoise ?
Adélaïde , suspendue aux maigres nouvelles de son époux parti au front , essayait d'atténuer son angoisse en œuvrant comme infirmière auprès des blessés. Elle avait vu de son hôpital toute l'horreur de la guerre , ces hommes atrocement mutilés , devenus fous.
Puis la terrible nouvelle , un matin d'avril 1915 , Guillaume a été tué au combat à Ypres , en Belgique.

Au décès  de ses parents , Adélaïde avait choisi , parce que plus rien ne la retenait à sa Lorraine natale , d'aller vivre à Franchesse , dans la grande maison où son époux avait vécu une enfance heureuse, choyé par une grand-mère bienveillante.

Juin 1946.La vieille est morte. On l'enterre à la hâte dans le petit cimetière de Franchesse . Bientôt des marchands de biens prendront ce qu'il y a à prendre. La grande maison du bourg sera vendue. Barathon le cafetier est intéressé et tout le monde au bourg , sait qu'il a les moyens.Son établissement jouxte la grande demeure ; il parle d'ouvrir un hôtel-restaurant.

Juin 2017.
Il fait déjà chaud ce matin. Les terrassiers sont à la manœuvre dans le petit cimetière de Franchesse. On libère de la place , quelques tombes abandonnées seront enlevées, le passage d'Adélaïde sur cette terre comme effacé. Cette fois c'est sûr , La vieille est bien morte ce matin...
A.C.



samedi 11 novembre 2017

1917 .·. .·. .·. .·. 2017 Et la guerre continue.... 



Où est passée l’allégresse et l'entrain patriotique des premières heures de 1914? Charles Péguy , merveilleux , effacé de ce monde dès le début du conflit ? Et Fournier? En 14 , "on part la fleur au fusil" , les épouses distribuent les fleurs sur les quais des gares  et les baisers à ces valeureux soldats ... A bientôt , mon chéri! ... " Ne t'en fais pas ma douce  on l'aura not' revanche de 70 , "les boches , on va leur botter le cul! Et on sera rentrés pour Noël! On est en août 14 ... 

1917 et toujours la guerre ... On pensait avoir tout vu , la bataille d’Alsace , 1916 et la Somme , Verdun, Verdun... On parle de 306 000 tués , 216 000 blessés. Mais là , en cette année 1917 ,pour la première fois , on apprend à se battre contre un ennemi invisible , l'ypérite , sournoise qui vous brûle les yeux et les poumons! Et puis l'offensive Nivelle, un désastre , terrible.

Cette photographie ci-dessous, bien au delà des mots , nous renvoie vers  l'effroyable réalité , de cette guerre ,  vécue par ces hommes.
" Seuls ceux qui avaient été dans la bataille savaient réellement que les êtres humains pouvaient être écrasés comme des fourmis  ou transformés en horribles poupées " dira l'écrivain britannique , Siegfried  Sassoon.
Tout aussi effroyable , ces nombreux soldats qui , après avoir vu tant de cadavres démembrés , y deviennent insensibles , comme ce soldat français , debout, fixant l'objectif . Finir par accepter l'inacceptable.


1917 , la guerre continue, et  Franchesse , en cette année funeste perd cinq de ses enfants.

Philippe BOUCULAT né le 15 juillet 1882 à Franchesse.
Fils de Jean et de Madeleine Jacquet.Soldat au 1er RI , Philippe décède des suites de maladie aggravée en service le 29 mars 1917 à Chalon-sur-Saône (71). Philippe était cultivateur à Lurcy Lévis; il avait 35 ans.

Jean DESCHAMPS né le 16 février 1897 à Franchesse. Soldat au 11e RI , Jean sera tué à l’ennemi par éclat de grenade , le 17 avril 1917 à Moronvilliers , côte 227 , entre le Bois du chien et le Bois 1122.Il avait 20 ans .

Julien JOACHIM né le 31 octobre 1887 à Franchesse. Fils de Jean et d'Amélie Virmoux , Julien , soldat au 413 e RI ,décède des suites de blessures de guerre le 28 mai 1917 à l'hopital de Montigny-sur-Vesle (51). Julien est inhumé à Montigny , rectangle D , tombe 61. Cultivateur à Franchesse , il avait 30 ans.



André MARCHAND né le 20 juin 1877 à Couzon ; fils de Jean et de Françoise Achériot , André était soldat au 298e Ri. Il sera tué à l'ennemi le 20 juillet 1917 au Mort-Homme , commune de Chattancourt (55). André reçoit la Médaille Militaire à titre posthume   : " Soldat brave et courageux au front dès le début de la campagne.Tué glorieusement à son poste de combat en effectuant des travaux sous un bombardement intensif." Cultivateur à Aubigny , André avait 40 ans.


Aristide PETITJEAN né le 30 juillet 1892 à Franchesse. Fils d'Abel et d'Adélaïde Blanchard , Aristide , soldat au 256e Ri décède des suites de blessures de guerre le 21 juillet 1917 dans l'ambulance à Ville-sur-Cousances (55). Citation à l'ordre de l'Armée , Croix de Guerre avec palme ,Médaille militaire : " soldat courageux et dévoué , s'est bravement conduit en toutes circonstances; a été grièvement blessé pour la 2ème fois en juin 1917". Aristide était cultivateur à Couleuvre ;il avait 25 ans.


Ce 11 novembre 2017 leur est dédié.

Alexandre Cornieux











samedi 4 novembre 2017

ESCLANDRE A L'AUBERGE COGNET


16 JUIN 1899


Le jeu de la poule , variante du billard français où l'on plaçait une sorte de quille au centre de ce dernier , était une distraction très répandue au XIXe siècle. Toute bonne auberge ou bistrot qui se respecte avait son billard. Les mises étaient fréquentes et parfois , à défaut d'amasser fortune , les meilleurs gagnaient de quoi offrir une tournée générale. Cela se passait généralement le dimanche , les parties étaient conviviales et l'on passait un bon moment. Mais pas cette fois.Une bagarre éclate à l'auberge COGNET ; nous sommes à la mi-juin 1899. Nos deux Lanciers, cultivateurs de profession règlent leur différent à coup de queue de billard , et l'aubergiste COGNET reçoit un coup de couteau dans la cuisse ! La pratique du billard devient pour le coup un peu trop sportive!











Antoine COGNET , né à Chantenay-Saint-Imbert ( Nièvre) en 1851 était maréchal-ferrant. Il tenait également une auberge avec son épouse , Marie  BARBEROUSSE née à Franchesse  en 1859. Sur la photo , en arrière  plan , la devanture où l'on arrive à lire "restaurant COGNET " , lieu du pugilat. Philippe ( né en 1880 ) , leur fils était aussi maréchal-ferrant.



Erratum : Chabouit s'écrit avec un"t"


L'ancien , au soir de sa vie , s'est souvenu de certains visages , figés , stoïques devant l'objectif :" C 'est la Chabouite , elle était "collée "avec Joachim et devant le Cheval Blanc , c'est le père et la mère Auboiron."

Marie Chabouit , dite " la Chabouite" est née en 1856 à Lurcy-Lévis . Culottière de profession , elle travaillait aussi comme servante occasionnelle chez Auboiron à l'auberge du Cheval Blanc . Elle vivait avec Jean-Baptiste Joachim , de quatorze ans son aîné ( né en 1842 ) , tailleur d'habits au bourg . Marie , la "Chabouite" avait une fille , Alice Joachim , née en 1880.

Pierre  Auboiron lui , est né le 1er avril 1873 à Franchesse "aux Beugnants". Aubergiste avec sa femme au " Cheval Blanc" , musicien réputé , ( clarinettiste de profession d'après les registres militaires ), il organisait des bals dans la grande salle , bien connus dans la région et cette dernière était bien souvent comble . On y organisait aussi les repas de noces.
Mobilisé dès le 1er octobre 1914 au 121e RI (*) , Pierre Auboiron survivra à la Grande Guerre mais en paiera le terrible prix. Profondément meurtri dans sa chair , gravement blessé , ( pratiquement paralysé , nerf sciatique sectionné lors d'une terrible chute ), il décède à Franchesse le 25 novembre 1919 , soit un an après l'armistice , des suites de blessures de guerre.
REQUIESCAT IN PACE Pierre Auboiron



(*) Le 121e régiment d'infanterie ,caserne Richemont ( actuelle école de Gendarmerie ) , seul régiment Bourbonnais de la Grande Guerre , était stationné à  Montluçon , dans l'Allier. Renommé 321e RI en 1914 , ce  régiment paiera comme tant d'autres un lourd tribu durant le conflit 14-18.

Notre chère Bourbonnaise , insigne du 321e RI



Il y a bien longtemps que la clarinette ne résonne plus dans la grande salle de l'auberge du Cheval Blanc. Mais parfois , à la morte saison , lorsque le vent mauvais , venu de la route de Couleuvre remonte jusqu'en haut du bourg  , jouant avec les arbres nus , s’engouffrant entre les lames des volets clos , on peut entendre , à qui prête l'oreille , comme une sorte de musique , mélodie d’Éole , un son de clarinette.

Alexandre Cornieux

 Grand merci Louis Delallier ( coupure de presse )



samedi 28 octobre 2017


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samedi 21 octobre 2017

DES SABOTS DE FRANCHESSE AUX SPLENDEURS D'ARCACHON 
Destins croisés d'une famille franchessoise : la famille GAUME 


Ce nom de famille évoque , malgré le temps qui passe , certainement quelques souvenirs pour nos anciens , que ce soit du côté de Franchesse bien sûr , mais aussi de Bourbon-l'Archambault et de Lurcy-Lévis . Mais savent-ils qu'un des fils lui , laissera son empreinte du côté d'Arcachon ? Développons un peu ...

LES PARENTS

Laurent Gaume ( 11-08-1844 / 29-12-1907 Franchesse ) voit le jour dans le petit village de Le Brethon dans l'Allier. Fils de sabotier , il le deviendra à son tour et exercera durant presque toute sa vie , chez nous , à Franchesse. Marié à Louise Bourdin , épicière à Franchesse ( Le Veurdre 1848 / Franchesse 21-9-1913 ) , ils auront huit enfants , une belle et grande famille Bourbonnaise !

LES ENFANTS
1) Jean Joseph Gaume ( Le Veurdre 10-12-1873 / Lurcy-Lévis (?)-1945 ). Joseph Gaume était quincaillier et marchand de cycles à Lurcy-Lévis. Conseiller général du canton de Lurcy-Lévis ( 1919 -1937) , il est à l'origine de l’électrification de la ville dans les années vingt. Membre de la SFIO et farouche partisan du PCF de la première heure , il était également maire de Lurcy-Lévis. Une rue porte son nom à Lurcy ( ancienne allée de la Gare ). pour l'anecdote :  
Extrait tiré des Etudes Rurales

2) Élisa Gaume née le 25 mai 1875 à Franchesse - 1941 Lurcy-Lévis
3) Anne dite Annette Gaume née le 2 novembre 1876 à Franchesse-8/8/1946
4) Anna née le 9 mars 1879 à Franchesse - 1960 Lurcy-Lévis


Anna , sur le pas de porte de la maison était modiste .

5) France dit Frantz Gaume née le 4 avril 1881 à Franchesse- 1958 Chaville .France était instituteur.

6) Alexis Gaume né le 7 juillet 1883 à Franchesse - 7 mars 1963 Franchesse . Alexis Gaume , comme son frère Joseph était quincaillier mais à Bourbon-l'Archambault ( il vendait des postes de TSF ) et membre du PCF. Dans les années 30 , son magasin servait de lieu de réunion aux membres du parti :

Alexis Gaume a été conseiller général du canton de Bourbon-l'Archambault de 1919 à 1940 ( déchu de son mandat ) et de 1945 à 1961.

Alexis Gaume

7) Louis Gaume " le bâtisseur" Franchesse le 21 juillet 1888- Arcachon le 26 mai 1962


C'est vers les dix huit ans que Louis , pénultième enfant de la fratrie quitte son Franchesse natal  et entre dans la filière des Compagnons du Devoir. Après avoir transité en Suisse , à Tours et à Paris , il obtient à seulement vingt et un ans le titre de maître couvreur-zingueur. Quel chef d'oeuvre a-t-il accompli ?  Nul ne sait , mais on avance le toit des Galeries Lafayette à Paris , sans certitude toutefois. En 1912 , il rejoint Arcachon pour y retrouver un Compagnon du Devoir connu à Tours , un certain Cabozon. La même année , il épouse Marthe  Moyses , belle-sœur de Cabozon. Le 26 avril 1914 naît leur premier enfant , Louise et quelques mois plus tard la guerre éclate. Mobilisé , blessé ,  Louis sera fait prisonnier aux toutes premières heures de la Grande Guerre et endurera quatre années de captivité à Dillingen , en Allemagne.

Ci-dessous la fiche de registre matricule de Louis Gaume .





Photographie du camp de Dillingen ( Allemagne )
Rapatrié le 17 décembre 1918 , Louis Gaume retrouve Arcachon . Mais c'est en 1920 , année de naissance de son fils Jacques , que Louis crée son entreprise de construction ( avec l'aide d'un cousin ingénieur des Arts et Métiers ). Dès lors , l'entreprise Gaume , indissociable de la ville d'Arcachon , va connaitre un essor fulgurant employant jusqu'à 250 salariés . Louis Gaume est à l'origine de la construction , de villas , de lotissements , de quartiers entiers ( Pyla-Plage ,dont un boulevard porte son nom) , d'immeubles privés ou publics ( Banque de France ) , et d’hôtels-restaurants( hôtels La Corniche et Haïtza , propriétés familiales ).

Ancienne Banque de France , actuelle sous-préfecture d'Arcachon

Hotel-restaurant La Corniche 
Hotel Haïtza 
Louis Gaume n'avait pas pour autant oublié ses modestes racines Bourbonnaises . Pour l'anecdote , dans les années vingt , ayant éclaté un pneu de sa voiture , il passa commande à son frère Joseph , le quincaillier de Lurcy . Il commande également pour ses constructions , du bois de chêne de la forêt de Tronçais , dont il connait les indéniables qualités. Louis Gaume laisse la marque encore bien présente à Arcachon d'un bâtisseur de génie et d'un hommes d'affaires avisé.
Nota : pour en savoir plus , je vous invite à lire le magnifique article de Louis-Robert Durand paru dans les Cahiers du Bourbonnais (ÉTÉ 2012) .

8) Laurence Gaume
Je ne puis clore cet article sans parler de la huitième et dernière enfant de la fratrie Gaume : 
 Laurence , née à Franchesse le 30 septembre 1890 ( 17 années de différence avec son frère aîné ). Elle s'était mariée le 29 juillet 1913 à Franchesse avec Francis Bertrand. Elle décède le 7 mars 1963 à Cérilly.

C'est la vie d'une belle et grande famille Bourbonnaise , une famille de Lanciers , une famille de chez nous ! 
" Les Morts ne sont vraiment morts que lorsque les vivants les ont oubliés" ( Proverbe malgache )

Alexandre Cornieux

Sources : Les Cahiers du Bourbonnais ( artice de LR Durand) , AD 03 Franchesse . 
Merci  à " Dédé , notre érudit local", ami et voisin , ( Cahiers du Bourbonnais ).


dimanche 1 octobre 2017

FRANCIS MARIE BLONDEAU

Né le 20 septembre 1847 à Moulins dans un modeste logis qui , je cite " flanquait le mur sud de la collégiale" ( cathédrale Notre Dame de Moulins ) , Francis BLONDEAU , maître menuisier , dont l'entreprise se situait rue de l'Ancien Palais  à Moulins , aura consacré toute sa vie à la réalisation de mobilier d'églises du diocèse  ( plus de cinquante églises du département ) et de la cathédrale , au service des monuments historiques de l'Allier . On lui doit également la création de mobilier pour les particuliers , essentiellement  des châtelains : chez Louis Mantin ( Maison Mantin ) , châteaux d'Avermes et de Couzon , au Pavillon Anne de France (Anne de Beaujeu ), l'ancienne Caisse d'Epargne de Moulins. Sa réputation s'affirmera même hors département avec des réalisations à Azy-Le-Vif , les Thermes de Bourbon-Lancy , et dans le Jura . Guidé par la lecture des œuvres de Viollet-Le-Duc , Francis BLONDEAU était " un ouvrier d'art" ; il sut perpétrer les traditions des anciens maîtres menuisiers de Moulins. 
Il laisse chez nous à Franchesse une oeuvre remarquable , délaissée ,pourtant non dénuée d'intérêt : la porte monumentale de l'église Saint Etienne.
Les pentures de portes à deux battants , forgées à la main , en arabesque  sont du plus bel effet , leur taille imposante supporte le poids conséquent des panneaux de chêne massif. Elles sont elles même reliées à trois énormes paumelles. Les deux battants sont hérissés de clous en fer forgé , disposés symétriquement.






La gâche de la serrure est de style fleurdelisé.



L'anneau de tirage au poinçon tréflé est de belle facture , laissant découvrir une rosette en forme de croix.


Le loquet à tête d'animal est des plus surprenant !

   
La date ,1881 affichée sur le tympan permet de dater cette belle porte.



La poignée d'ouverture stylisée est aussi magnifique.




 Francis BLONDEAU s'éteint le mardi 30 décembre 1919 , rue de l'Ancien Palais , à son domicile . Il laisse chez nous un témoignage précieux de son indéniable talent.

Alexandre Cornieux

jeudi 28 septembre 2017

UN MARIAGE EN FANFARE !








Il y a de l'animation dans le bourg de Franchesse ! Alphonse et Adèle se marient ! Vive les mariés ! 
Nous somme le mardi trente septembre 1930 , il y aura 87 années , presque jour pour jour. Qui s'en souvient ? Cette vieille photographie sépia est elle le dernier témoin de ce moment de joie , à deux pas de ma maison , dans la rue des Lanciers ? N'est il pas magnifique ce cortège nuptial , accompagné par la fanfare , " La Joyeuse Lancière"  à l'époque où Franchesse avait sa société de musique ? 



Une note manuscrite , jointe à la photo , qui m'a été remise , me permet ( c'est une chance ) de mettre avec certitude des noms sur des visages .
Voici donc , de droite à gauche :

- A la porte du café : Francine THOMAS

SOCIÉTÉ DE MUSIQUE LA JOYEUSE LANCIERE :
-Lucien GIRAUDET , Président  ( tenait une boucherie à la Poissonnerie , frère de Gabriel   GIRAUDET , maire de Franchesse )
-GROBOUT , chef de musique à Bourbon
-Eugène BONNAT , Vice- Président ( tenait un magasin de graines et engrais )
-Prosper LAMY
-FRERARD ( électricien ) , Luxembourgeois
-LAPLANCHE ( boucher )
-Lucien DESPRET
-Jean BERTHOMMIER ( parfois chef de musique )
-Gilbert CREUZET ( maçon et grand musicien bien connu dans les bals )
-FINAUT ou PINAUT ( chef cantonnier, habitait à la Croix de la Mélade )
-Inconnu
-DESPHELIPPON
-Louis GUILLET ( tenait le café et le salon de coiffure )
-Pierre GAYON
Manquent à la musique : Eugèen PARIS , Henri BEGUET , René GUILLET , et René BERTHET.

PRÉSENTS A LA NOCE :
-Louis MASSERET
-Jeunes mariés ( Alphonse ARMINGEAT et Adèle THEVENET )
-Inconnu
-Inconnu
-Inconnu
-Lili ALLOT
-Louis RAMBERT
-Marcel L'HONNEUR
-Les fillettes à gauche de la photo : Paulette et Lina TUCHEVIER

Pour conclure , posant fièrement , une invitée de marque... Citroën : une B2 modèle 1921-1926 ), 3 vitesses et 70 km/h !
Puissent ces noms raviver quelques souvenirs chez nos anciens .

Alexandre Cornieux

  Merci à Isabelle pour la photo de la bannière 

vendredi 15 septembre 2017

LES DERNIERS INSTANTS DU CAPITAINE MANGIN





Ce récit , tiré de l'historique du 28e BCA retrace les derniers instants de la vie de Jean-Marie Gilbert MANGIN ,


« L’aspect de ce pays nouveau est profondément triste. Partout c’est la dévastation de combats sans  merci. L’artillerie a détruit tout ce qui peut être un abri. Les bois ne sont plus. Seuls, de pauvres moignons d’arbres déchiquetés se dressent au milieu des débris de leurs branches qui jonchent le sol.
La terre est un cloaque d’entonnoirs; le sol, grisâtre et poussiéreux, est parsemé de rares touffes d’herbe souillée. Pas d’eau, pas d’abris, pas de villages. Des maisons, il ne reste que quelques pans de torchis et des monceaux de tuiles. De longues lignes blanches, tranchées et boyaux, zigzaguent au milieu de cette dévastation, et le sol est semé de casques, de débris d’armes, de munitions, de lambeaux de vêtements et de petites croix de bois sur des tertres blancs.
Des geysers de fumée, noirs, blancs, rougeâtres, jaillissent partout du sol, au loin, et, dans cet infini tout paraît de teinte neutre. Des canons, posés en plein champ, sont invisibles au milieu de cette nature grise et aride où seule la fumée blanche des départs indique l’emplacement des batteries.
L’artillerie française fait feu de toutes ses pièces. De tout côté, de partout, les coups de canon se précipitent et le vacarme est assourdissant au point que l’on n’entend même pas le sifflement des obus qui viennent tomber à quelques pas.
Mais le 28s’est vite habitué à cette guerre nouvelle. Les objectifs fixés sont atteints d’un seul bond, malgré les feux de flanc de nombreuses mitrailleuses allemandes et un violent tir de barrage de l’artillerie ennemie. Les 1re et 5compagnies du 28ont été brillamment engagées et ont progressé profondément dans les lignes ennemies et le reste du bataillon a suivi le mouvement. Mais les pertes ont été élevées. Parmi les 25 morts du bataillon se trouve le capitaine MANGIN, de la 4compagnie. En outre 2 officiers et 84 hommes ont été blessés.
Le capitaine MANGIN était un officier distingué et sympathique. Lieutenant de réserve, il avait gagné les galons de capitaine et pris le commandement d’une remarquable compagnie.

Assez grand, le profil net, le visage sec au milieu duquel brillaient des yeux spirituels, MANGIN était doué d’un caractère gai, d’un esprit prompt et caustique. Son abord aimable et ses qualités de bravoure lui avaient mérité la sympathie de tous et sa perte fut très douloureuse à ceux qui l’avaient approché. »  



Jean-Marie Gilbert Mangin est né  le 15 août 1885 à Franchesse , (dans l'actuelle maison n°2 Place de l'église ) où sa mère était épicière et son père fabricant d'huile . Capitaine au 28e BCA ( Chasseurs Alpins ), commandant la 4eme Compagnie , tué à l'ennemi au Bois Reinette, commune de Bouchavesnes ( 80 Somme ) le 5 septembre 1916. Cité à l'ordre de l'armée , croix de guerre avec palme d'argent , médaille militaire , chevalier de la iLégion d'Honneur le 24 novembre 1916 ( à titre posthume ) .Gilbert était un ancien élève du Lycée Banville de 1896 à 1904 ( inscrit sur le livre d'or du lycée) ; il était greffier de la justice de paix au tribunal de Dompierre-sur- Besbre ( Allier ) .il est également inscrit sur le monument aux morts de Dompierre . il avait 31 ans. 

dimanche 10 septembre 2017

LE MANOIR DES PARÇONS



 Perçon,.. A environ trois kilomètres au nord de Franchesse ,  le lieu hébergeait autrefois un manoir dont il ne subsiste plus rien . D'une grande importance de par ses volumes mais peut être aussi du rôle qu'il jouât en des temps reculés , effacés de la mémoire des hommes , sur ces terres, riches en histoire , il fut l'objet , fort heureusement pour nous ( et surtout pour moi! ) de formidables notes couchées sur papier  ( un vélin sans doute ), écrites au siècle des Lumières par de grands érudits , de savants hommes d'Eglise ,docteurs in utroque jure  , qui , malgré l'élitisme et l’obscurantisme avérés , nous permettent de découvrir ou de redécouvrir toute la richesse du Franchesse d'autrefois.
Perçon , retranscrit au fil des âges sous différents alias , Perçons ,Parson ,tire son origine du vieux français " "parson ", enclos de bois qui servait jadis à parquer moutons et cochons lors du comptage et du triage précédant la vente . Le paysan devait par ailleurs , sous le joug seigneurial s'acquitter d'un impôt , appelé droit de parson . Il y avait , parmi dîme et gabelle , les plus connues ,une multitude de taxes , certaines même frôlant le ridicule . Pour l'anecdote , gamin , j'ai entendu le mot "géline" que mon arrière grand-mère utilisait pour désigner une poule , mot qu'elle tenait elle même de sa grand-mère :  " C'est l'heure d'aller panser les gélines !" J'ai retrouvé dans de vieilles archives de droit féodal , un " droit de géline " , taxe sur les volailles  et poules pondeuses de basse cour !  Ce mot fait partie du patois Bourbonnais et du parler Fanchessois. Pour en finir , la géline était autrefois une espèce de poule pondeuse , la fameuse géline du Bourbonnais ! Je crois savoir que cette espèce a été sauvegardée par quelques passionnés , tant mieux !
 J’arrête là de caqueter pour signaler au passage , que le mot " parson" désignait par extension la parsonnerie , maison de justice féodale où le seigneur rendait justice ( en fait , il ne s'y rendait jamais ). La maison du bourg de Franchesse , devenue la Poissonnerie , était la parsonnerie , la prison. Cette appellation de parsonnerie désignait aussi cette communauté de paysans , vivant chichement sous le même toit , cette communauté de "taisibles".
" ... et de ces hommes parlant fort , buvant le mauvais vin , dormant , hommes et femmes à même le sol dans la même pièce , séparée d'une simple toile... où la misère était aussi grande que la consanguinité..." 
La parsonnerie la plus importante de Franchesse se trouvait " à l'hôtel de Gadodière " . je salue l'homme au makila 

Mais revenons à notre château de Perçon . Il daterait , selon les notes du vénérable chanoine Clément , membre du chapitre de la cathédrale de Moulins et professeur d'archéologie , du XIVe siècle. Ce chateau était de grande importance et possédait sa chapelle.

Joseph Clément en retrouve la trace à partir de l'an 1407 , où Dom Béthencourt écrit dans son dictionnaire des noms féodaux : " l 'hôtel des Parsons , rente ,domaine et droits indivisibles avec noble Jean de Murat , seigneur de Beaumont ( actuelle commune de Pouzy-Mésangy) , était possédé par Perrin de Parsons , écuyer. Puis en 1650 : " l'hôtel , domaine et seigneurie de Parçons , situés ès les paroisses de Franchesche ( Franchesse ) et Saint-Plaisir , étaient possédés par Jean des Parçons , damoiseau."

Il ne subsiste plus rien aujourd'hui sauf peut être les restes de fossés qui l'entouraient.



                Vue cadastrale de Perçon en 1831 ; on aperçoit en bleu le reste des fossés


La nuit des Temps...
Cette terre de Perçon fut foulée par l'homme il y a plusieurs  millénaires. Cette certitude m'est apparue enfant , lorsque , avec  mes frères nous avons trouvé , insérée dans le mur d'une vieille porcherie , une hache en pierre polie , façonnée dans le pétrosilex . Cet artefact fut perdu , hélas au cours de déménagements successifs.
La hache de Perçon ressemblait en tout point à celle de la photo ci-dessus


Cette terre de Franchesse n'en finit pas de m'étonner ...


Alexandre Cornieux





samedi 2 septembre 2017

MONSIEUR LA DOUILLETTE , UN LANCIER BIEN ENNUYÉ !
Cette nouvelle signée H.A Dourliac *, parue dans un magasine pour la jeunesse en 1927 ,  relate la mésaventure de Mr la Douillette ,  né " au joli bourg de Franchesse ". Je ne crois pas un instant que son auteure ait choisi Franchesse et ses environs au hasard . Quelles attaches liaient l'auteure avec notre petit village ? Si vous possédez   des informations supplémentaires , n'hésitez pas ! 














* Henriette Arthur Dourliac ( 1860- 1936 ) était une romancière  et journaliste . Membre de la Société des Gens de Lettre ,  Elle a publié de nombreux romans et fut lauréate à l'Académie Française . Son époux , Arthur Dourliac ( 1848 - 1905 ) était également écrivain .


H.A DOURLIAC

vendredi 18 août 2017

LA PLÈBE ET LE FASTE
Le duc et la duchesse de Noailles à Limoise


Il  n'est pas dans mes habitudes , c'est une règle , de m'écarter du pays des Lanciers , mais bon , parlons un peu du petit village de Limoise , qui en 1151 , devient paroisse sur l'initiative d'Archambaud V , en ces terres et seigneuries  qui dépendaient jadis de la paroisse de Franchesse. 
Mais là n'est pas le sujet ; transportons nous  au début du XVIIIe siècle à Limoise , à environ deux lieues de notre cher village de Franchesse , en l'An de grâce mil sept cent douze , sous le règne du bon Roi Soleil .
Ce samedi sept mai 1712 n'est pas , à n'en point douter , un jour comme les autres et la glèbe ne sera pas travaillée : on attend , au bourg de Limoise , la venue de grands seigneurs , un duc et une duchesse en beaux habits d'argent (1) : la cloche de l'église de Limoise sera bénite , béni soit Saint Jacques ! (2)

" Aujourd’hui , septième jour du moi de may de l'année mil sept cent douze , a esté bénite par moi , curé soussigné , une cloche selon la permission à moi donnée par Monseigneur l'archevêque de Bourges, en date du quatorzième de may 1707 , signée Léon p.p , archev. de Bourges ,

Monseigneur Léon Potier de Gesvres ,  cardinal , archevêque de Bourges


de laquelle a été parrain , très haut et très puissant seigneur , Monseigneur  Adrien Maurice de Noailles (3) , duc et pair de France , premier capitaine des gardes du corps du roi , lieutenant général des deux couronnes , chevalier de l'Ordre de la Toison , Grand d'Espagne , gouverneur des provinces de Berry et de Roussillon , et plusieurs autres , 

Adrien Maurice , duc de Noailles ( 1678-1726 ) tenant de la main droite le bâton de maréchal de France , portant au cou le collier de l'Ordre de la Toison d'OR

" a esté marraine , très haute et très puissante Dame , Madame Charlotte Françoise Amable d'Aubigny , (4) duchesse de Noailles  qui nous ont fait l'honneur de signer ainsi nous avons fait en présence des soussignés , 
le curé de Limoise ."

Portrait de Charlotte Françoise Amable d'Aubigné ( 1684-1729 ), tenant un portrait de sa tante , la célèbre Madame de Maintenon , favorite de Louis XIV.




Acte de baptême de la cloche de l’église de Limoise , paraphé par les prestigieux parrain et marraine , le duc et la duchesse de Noailles . ( source : AD 03 commune de limoise 1629-1792 )

Il y a trois cent cinq années , le duc et la duchesse de Noailles ,  âgés respectivement de 34 et 28 ans se rendaient à Limoise bénir la cloche. Venaient-ils de Bourbon ? Le beau carrosse , sans doute paré des armoiries ducales des Noailles , escorté par les gardes , tant les routes sont peu sûres a-t-il traversé le bourg de Franchesse , attisant sans doute la curiosité des villageois , peu habitués il est vrai par le passage d'un si prestigieux convoi ? Est on venu de loin avant que de se rendre à Limoise et tenter d'apercevoir le puissant duc et la belle duchesse ? Saura-t-on jamais...

Alexandre Cornieux



(1) L'église de Limoise a pour vocable Saint Jacques . Elle n'est plus l'église que nous connaissons actuellement. L'ancienne église sera entièrement démontée en 1793 , comme la Sainte Chapelle de Bourbon , et ses pierres revendues comme bien national par le district révolutionnaire de Cérilly dont dépendaient Franchesse , Limoise et Bourbon. L'ancienne église de Limoise fût elle-même construite sur une ancienne motte féodale extrêmement importante par la taille , dont l’œil aguerri peut encore percevoir de nos jours les contours.

(2) "V'la l'bon vent , v'la le joli vent , ma mie m'appelle "... en référence à cette comptine du XVIIIe siècle  qui me vient à l'esprit...

(3) Adrien Maurice , duc Noailles était maréchal et pair de France . chevalier de la Toison d'or ( ordre de chevalerie le plus élevé et prestigieux d'Espagne ) nommé en 1702 par Philippe V roi d'Espagne , et du Saint Esprit ( ordre chevaleresque le plus prestigieux en France , à cette époque ) . Nommé Grand d'Espagne en 1711 ( plus haut titre nobiliaire d'Espagne , juste en dessous de l'Infant et de  l'Infante , les enfants du roi ) , il fut ministre des affaires étrangères de Louis XIV. En sa qualité de ministre et de pair de France , dignité qui se situe juste en dessous des princes de sang , le duc de Noailles avait ses entrées à la Cour.

(4) Charlotte d'Aubigné , ( écrit rarement  d'Aubigny sur certains documents comme c'est le cas dans cet acte du registre paroissial rédigé par le curé de Limoise )  , duchesse de Noailles par mariage , ( elle se marie en 1698 avec le duc de Noailles , à l'âge de 14 ans ! ) était la nièce de Madame de Maintenon , favorite et épouse ( et non reine ) de Louis XIV. Elle reçoit de sa tante ,en cadeau de noces le château de Maintenon et hérite de sa fortune au décès de cette dernière .  

vendredi 11 août 2017

LE CHAFFAUD ET SA LÉGENDE







A environ deux kilomètres à l'ouest du bourg de Franchesse , se trouve l'ancien château du Chaffaud. L'édifice , dont l'origine exacte reste incertaine , daterait , dans sa forme primitive du XIVe siècle .
Il tirerait son nom , d'après Frédéric Godefroy , auteur du dictionnaire de l'ancienne langue française du IXe au XVe siècle de " chaffaut", tour de défense en bois et par extension du mot échafaud . L'édifice , reconstruit au XVIIIe siècle n'a conservé de ses dispositions primitives qu'une partie de ses fossés encore en eaux au XIXe siècle. De nobles seigneurs franchessois ont possédé cette terre du Chaffaud durant les siècles ; puis leur lignée va vaciller pour s'éteindre finalement dans les tourments de la Révolution.
J'ai retrouvé la trace de la naissance de la petite Anne Chantenay , fille du  jardinier  au château du Chaffaud et de ses nobles parrain et marraine : " Messire Jean Joseph de La Borgne , comte , seigneur de la Pommeraye , chevalier de l'Ordre Royal de Saint Louis , ancien capitaine au régiment de Hainaut infanterie , et la marraine , Dame Madame Anne de Méchatin , épouse de Messire Nicolas Charles de Chambaud , seigneur du Chaffaud , chevalier des Ordres de Saint Louis et de Saint Lazare , capitaine commandant au régiment d'infanterie de Languedoc et pensionnaire du Roi, signé Thevenet , curé de Franchesse."








ACTE DE NAISSANCE DU QUINZE JANVIER 1789 ( SOURCE : AD03 N: 1793/1802 )




LA DAME DU CHAFFAUD









Il y a  fort longtemps , peut être au XIVe siècle , un noble et puissant seigneur de passage dans le Bourbonnais , accompagné de ses damoiseaux , était parti chasser dans les bois de Champroux . La forêt de Champroux était bien plus étendue qu'elle ne l'est aujourd'hui et était fort giboyeuse. Mais , surpris par la fatigue et le soir tombant , ils trouvèrent sur leur route refuge au château du Chaffaud.


Le noble chasseur , accompagné de ses pages , reçut le gîte et le couvert avec tous les honneurs dus à son rang. Au cours du repas , la troublante beauté de la maîtresse des lieux , n'avait pas échappé à son prestigieux hôte et ce que seigneur veut... 

Au petit matin , la belle du Chaffaud s'était enfuie avec son beau seigneur . Le temps passa , mais tout a une fin et , lassé de sa conquête le seigneur  abandonna la belle , cette dernière n'eut d'autre choix que de rentrer au Chaffaud. On raconte que pour la punir , l'époux éconduit fit emmurer vivante son épouse dans les souterrains du château , condamnant à jamais l'entrée par une épaisse dalle de pierre.
Les siècles passèrent et on raconte qu'au XVIIIe siècle , des maçons affairés aux travaux de reconstruction sur les anciennes fondations du vieux château , de la demeure que nous connaissons actuellement , entendirent un cri terrible qui leur glaça le sang et les terrorisa , celui du spectre de la Dame du Chaffaud , enfermée à jamais pour expier ses fautes ! Terrorisés , les maçons s'enfuirent à toutes jambes ! Ainsi est née la légende de la Dame du Chaffaud. Esprit vengeur ? Sorcellerie ? Chaque légende a sa part de vérité . A chacun de croire ou de ne pas croire... 
Alexandre Cornieux 
Source : notes du chanoine Joseph Clément , Annales Bourbonnaises année 1891.




Une sorcière à cornes , huile sur toile , XVIIIe siècle , d'après la couverture du livre " Le guide de la France mystérieuse" aux éditions France Loisirs.











31juillet 1921 : inauguration du poilu à Franchesse

  Ce beau dimanche de juillet 1921, dernier jour du mois, promet d'être un grand jour ,  rompant avec la monotonie de cette belle campag...