lundi 28 décembre 2015


BUFFIN, CHEF D'ESCADRON , OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR : UN LANCIER AU PARCOURS ATYPIQUE



vue partielle du hameau de Rouère


Jules Joseph Armand BUFFIN voit le jour le 19 mai 1846 dans le petit hameau de Rouère , à quelques centaines de mètres du bourg de Franchesse . Son père , Jean Baptiste , et sa mère Geneviève ( née Patissier ) , propriétaires cultivateurs vivent de leur petite  exploitation, aidés de l'aîné Joseph et du cadet de la famille , Eugène . Mais Jules  lui , choisit une autre voie , celle de l'uniforme.

Engagé volontaire à 18 ans , le 11 septembre 1864 à Versailles au 9e régiment d'artillerie pour un durée de 7 ans , il commence sa carrière militaire comme 2eme canonnier servant .
Affecté au 1er RA du 1er juillet 1867 au 20 juin 1870 ,  il est nommé sous officier avec le grade de maréchal des logis chef ( sergent -chef ) .

Six mois plus tard , le 29 décembre 1870 , alors muté au 12e Ra , il reçoit les galons d'adjudant . C'est à cette époque  qu'il combattra contre la Prusse , du 1er août 1870 au 7 mars 1871 .

Le 23 avril 1871 , il est promu sous-lieutenant ( officier )  lors de sa mutation au 8e RA . Il sera blessé le 23 mai 1871 par une balle à la main droite à Paris , barricade de la Chaussée du Maine ( XIVe  Arr. de Paris ) lors de la Commune ;

l'insurrection du 18 mars au 28 mai 1871 , qui opposa les versaillais ( partisans du président Adolphe THIERS ) aux communards fera entre 20 et 30 000 morts et 7500 communards seront déportés en Nouvelle Calédonie dont la célèbre " Vierge Rouge " Louise Michel .

Louise Michel













Réaffecté au 16e Ra le 10 mai 1872 , il est promu lieutenant en second le 17 août puis , le 12 février 1873  lieutenant en 1er . Il restera au 16e RA jusqu'au 13 janvier 1876 et prendra le grade de capitaine en second .Il poursuit sa carrière au 24e RA et sera promu capitaine en 1er le 11 mars 1880 .

Alors domicilié à Bordeaux , il épouse à Franchesse le 8 janvier 1882 , Melle Louise Marie Françoise Dominiquette Ducasse , la fille d'un professeur de lycée de Bordeaux par autorisation ministérielle du 4 janvier 1882.

Il fera la campagne d'Afrique du 22 février 1876 au 22 mars 1886 et le 29 décembre1887 il reçoit les insignes de chevalier de la Légion d'Honneur.

Il rejoindra l'Etat Major particulier de l'artillerie le 24 février 1891 et sera nommé chef d'escadron ( commandant ) le 4 octobre de la même année.

Il restera à l'Etat major jusqu'au 25 décembre 1898 puis sera rayé des contrôles pour faire valoir ses droits à la retraite . Il sera élevé au rang d'Officier de la Légion d'Honneur le 12 janvier 1909. Il résidera jusqu'à la fin de sa vie à Bagneres de Bigorre , Allée Maintenon .

Jules Buffin , l'enfant de Rouère , est sans doute inhumé à Bagnères de Bigorre, n 'ayant pas d'informations à ce sujet . Cependant , d'après les recensements de la commune de Bagnieres que j'ai consultés , il était toujours en vie en 1911.

Pour conclure , Louis Buffin , son fils fut un peintre pyrénéen reconnu :


Basques,  peinture de Louis Buffin

samedi 5 décembre 2015

LE BAPTÊME DES CLOCHES DE L'ÉGLISE DE FRANCHESSE


Traditionnellement , dans l'église catholique les cloches des églises étaient baptisées et ce fait important était retranscrit dans les registres paroissiaux. Considérées comme " les filles de l'Église " ,certaines même avaient pour parrain des rois de France comme le fameux bourdon de Notre Dame de Paris ,l'énorme cloche de 13 tonnes que j'ai eu l'occasion de voir de près et de faire sonner ( un peu ..) .
Plus modestement , les cloches des petites paroisses comme Franchesse , avaient pour parrains et marraines les nobles seigneurs ou les desservants de l'église.

J'ai retrouvé dans les registres paroissiaux de Franchesse le baptême de la grosse et de la moyenne cloche . En voici la trace :

Bénédiction de la moyenne cloche Saints Abdon et Sennen

" Aujourd'hui sixième d'août 1736 à été bénite par moi soussigné , avec la permission de Monseigneur l'archevêque de Bourges en date du 21 mai 1736 , la moyenne de nos cloches qui a été nommée en l'honneur des Saints martyrs Abdon et Sennen (1) par Messire Jean Claude Thomas , esquier , Seigneur de Lavarroux du Chaffaut et autres ses terres et par Madame Marguerite Roux , damoizelle de La Vaux assistés de Messire Jean baptiste Thomas de Lavaroux , prêtre prieur de Saint Joseph et Sainte Catherine qui a servi de diacre et Messire Simon Baillon prêtre chanoine de la Sainte Chapelle de Bourbon ( détruite à la révolution ) et encore de Messire Louis Le Mayne , docteur en théologie et curé d'Augy en Bourbonnois ainsi que François Duranthon , curé de Saint-Plaisir "

Antoine Genyn (2) , curé de Franchesse


(1) Abdon et Sennen

Abdon et Sennen dont on sait peu de choses étaient deux princes perses chrétiens qui furent persécutés par les Babyloniens .












(2)  Antoine Genyn , le vénérable curé de la paroisse de Franchesse pendant près de 45 ans décédera à l'âge canonique de 83 ans et demi le 15 septembre 1785 . Il sera inhumé dans le cimetière de Franchesse ( autour de l'église à l'époque ) par Gilbert Thévenet le curé d'alors qui deviendra quelques années plus tard ( 1793 ) le premier maire de la commune de Franchesse ...


Bénédiction de la grosse cloche Saint  Étienne


" L'an 1781 , le 8 juillet par moi , Antoine Genyn , archiprêtre de Bourbon , ancien curé de Franchesse , a été bénite sous l'invocation de Saint Etienne la grosse cloche de cette paroisse , en présence de Messire Gilbert Thévenet , curé de Franchesse ,  et Sieur Louis Barré , prêtre et chapelain de Mézanbelin  (1), le parrain a été le très haut et puissant Messire André de Sinéty (2) , marquis de Lévis et Seigneur de cette paroisse , la marraine , Dame Marie Gabriel de Sinéty , marquise de Grammont , son épouse ."


(1) Mézanbelin , aujourd'hui Mésanbelin est un lieu-dit situé sur la commune de Lurcy-Lévis ( Lurcy le Sauvage à l'époque ); il y avait une chapelle importante et le curé Barré en avait la charge.


(2) Le marquis de Sinéty était seigneur de Couleuvre , de Franchesse ,  de Neure , d'Augy , de Pouligny ( commune aujourd'hui disparue ) , des Blancs fossés ,  de Lavault (Franchesse)  de Bouqueteraud ( Franchesse ) ,d'Avreuil ( Franchesse ) , de La Prugne ( Franchesse ) , de Plaisance etc...

Originaire d'Italie , descendant des seigneurs de Lurcy le Sauvage ( Lurcy-Lévis ) qui avaient érigé un duché pairie ( domaine tenu par un duc et pair du royaume de France ), celui ci s'éteindra à la faveur d'un marquisat en 1770  tenu par le puissant marquis André de Sinéty.



Armoiries du marquis de Sinéty : d'azur au cygne d'argent ayant le col dans une couronne antique de gueule

mercredi 11 novembre 2015


L'ÉGLISE DE FRANCHESSE(SUITE ET FIN)





La vieille dame de pierre n'a pas subi de grandes modifications depuis sa construction, hormis le portail remanié au XIXe et la flèche autrefois de pierre,remplacée par une charpente recouverte de bardeaux de châtaignier.D'une longueur de 31,50m (hors oeuvre)et d'un transept long de 20,60m,elle s'inscrit dans des proportions quasi parfaites.Elle se compose d'une nef,d'un transept,d'une très belle abside et de deux élégantes absidioles ouvertes sur le transept.





A l'intérieur,les chapiteaux des piliers sont assez remarquables: l'un d'eux représente,d'après J.Clément ( lire ci-dessous)la scène du mariage, un autre la Vierge tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux,levant la main pour le bénir,un autre encore un homme à tète d'animal,un ciboire sur un pied à torsades,ou encore un hiboux aux ailes éployées dont les serres s'agrippent à l'astragale.Un autre encore représente un damier et, pour terminer des têtes ou des feuillages stylisés.








Le chanoine Clément est né à Montluçon;

son père était potier ;

2 rues portent son nom: une à Moulins(quartier de la Madeleine),une autre à Montluçon,sa ville natale où il est inhumé.








 

















 Au XIIIe siècle, l'église était parait il entièrement peinte;

des litres (1) couraient sur les murs intérieurs et extérieurs;elles ne sont plus visibles, recouvertes par un badigeon.





(1)la litre, du vieux français listre est une bande noire qu'on tend dedans ou dehors de l'église aux obsèques d'un grand personnage.Les armoiries du défunt sont appliquées ou peintes sur la litre au dessus du portail ou sur l'abside, comme celle de Franchesse.La bande a commencé par être peinte,les armes du défunt étaient représentées de distance en distance au lieu de l'être seulement au dessus du portail.Le blason, de gueule au lion d'argent appartenait à un seigneur de Franchesse dont l'origine m'est inconnue.






(1) litre de l'église de Franchesse tirée du dictionnaire des mots et des choses Larive et Fleury édition 1890 ( exemplaire en ma possession)



On peut encore voir sur les murs intérieurs,les croix de consécration: elles se composent d'une croix rouge dont les branches se terminent en fleur de lis et entourée de cercles concentriques de plusieurs couleurs(XIIIe siècle)




Au XVe siècle, quelques remaniements ont lieu: au niveau des travées,des reliefs dits "culs de lampes" et des sommiers de départ aux nervures prismatiques de style Renaissance ont été rajoutés, ainsi que des contreforts à l'extérieur pour renforcer la nef.






Saint Etienne protecteur de Franchesse (XIXe s)






Christ stylisé de l'abside (XIXe s)






Saint Roch tantôt  protecteur des laboureurs à Franchesse, tantôt saint patron des pestiférés:représenté levant sa robe au dessus du genoux laissant apparaître une plaie. Petite bizarrerie: la langue du chien est totalement disproportionnée: est-ce une facétie de l'auteur?Voulait-il faire passer un message?Mystère... 






belle statue de Saint Roch (plâtre peint XIXe s)



A noter également : l'église de Franchesse possédait une Vierge à l'Enfant ( un petit trésor) en bois sculpté du XIVe siècle, oeuvre malheureusement volée dans les années 70.








D'après une photographie du site du Ministère de la Culture(Base Palissy)











Je terminerai ma rubrique consacrée à notre belle eglise St-Etienne (vite un Doliprane ! ) par la croix de la place :






Les bras sont en pierre d'Apremont et le fût en grès de Bourbon;elle représente un Christ au milieu de fleurs de lis.Elle date de 1751.







Alexandre Cornieux



Sources : Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais (descriptif chapiteaux et photo.J.Clément)-Dictionnaire des mots et des choses( Ed.Larive et Fleury 1890 La litre de l'église de Franchesse)-Photos pers.(chapiteaux, croix,vitraux et statuaire) Base Palissy (Vierge à l'enfant)





mardi 10 novembre 2015

L'EGLISE DE FRANCHESSE SUITE...
LA GRIFFE DU DIABLE 



A Franchesse, les lanciers (curieux épithète que portent les habitants du village, dont l'origine demeure un mystère même si j'explore quelques pistes...) aiment  raconter,non sans humour, que cette "griffure" présente sur le mur sud du transept,à coté de l'ancien presbytère, serait l'oeuvre du diable.
L'origine,dirons nous est un peu plus "guerrière".
Une très vieille coutume moyenâgeuse consistait à ce que les seigneurs avant de partir à la guerre, polissaient leurs armes contre la pierre du mur de l'église,afin d'obtenir la protection divine de la très Sainte Église et bien sur la victoire sur l'ennemi...

Ces polissoirs ne sont pas spécifiques à l'église de Franchesse; on en trouve sur bon nombre d'édifices religieux un peu partout en France et certains même en sont couverts sur pratiquement toute leur longueur.

Une autre version existe cependant : selon une vieille croyance païenne , les femmes du bourg frottaient la pierre de  l'église , en récupéraient quelques poussières , les mélangeaient avec un peu de vin blanc et avalaient la mixture afin d'obtenir fertilité mais surtout d'avoir un garçon costaud et en bonne santé ... On retrouve cette vieille croyance d'un autre âge du côté de Bourbon où les femmes  grattaient la statue du bon vieux " Saint Grelichon " pour obtenir fertilité et l'assurance d'avoir un garçon en bonne santé ... Ce qui exaspéra l'archiprêtre de Bourbon qui décida de faire enlever la coupable statue . Peine perdue : celle-ci sera remplacée quelques temps après ...






ébauche de polissoir moins marqué(mur sud de la nef)

un autre polissoir (même côté)















DU PÉTROLE À FRANCHESSE !



Assez surprenante, cette demande de concession parue au Journal Officiel du 30 juillet 1933 ! J'espère que vous comprendrez la délimitation du périmètre de recherches, car moi je n'ai rien compris !

Alexandre Cornieux



lundi 9 novembre 2015

L'EGLISE SAINT ETIENNE DE FRANCHESSE 
( Ecclesiam de Francisiis )

I) Le commencement


Si vers 1150,1151 Ebbes VI (Ebbes de Déols )fonde en Berry la ville franche de Saint-Amand,c'est quatorze années auparavant ,en 1136 qu'Archambaud V de Bourbon crée une ville franche dans ses domaines en la paroisse de Franchesse.La charte d'affranchissement de Saint-Amand est copiée parait-il mot pour mot sur celle d'Archambaud V.

En 1151, il en établit une autre (avec l'accord de Pierre de la Châtre,Archevêque de Bourges) sur les terres de Franchesse, en un lieu nommé Limoin.Ce "limoin" en question est Limoise,petit village situé à cinq kilomètres de Franchesse environ.
Ainsi l'érection d'une nouvelle paroisse venait d'être fondée sur le territoire franchessois avec la construction de l'église Saint Jacques de Limoise (ecclesiam de Lesnelia ).
Il est à noter d'autres paroisses existantes à la même époque comme en atteste la correspondance des papes : Ecclesias Mariniaco( Marigny), Betiaco( Beçay le Monial, commune de saint-Aubin),Madero(Notre Dame  de Vieure),Burginolio(Bizeneuille),Silviniaco Comitali(Souvigny),Sardirliaco( Cérilly), Busserias ( Saint Maurice de Buxieres ),Sancti Hilarii( Saint-Hilaire),Sancti Placidi( Saint-placide de Saint Plaisir).

 



    II) Comment l'église de Franchesse fut sauvée de la destruction

En 1791,l'église de Franchesse, Saint-Jacques de Limoise ainsi que la Sainte Chapelle de Bourbon l'Archambault sont vendues comme bien national par le district de Cérilly à un entrepreneur de Bourbon,le sieur Nicolas.La Sainte Chapelle,et l'église de Limoise seront détruites, pierre par pierre,par le même Nicolas et ses sbires.Le même sombre dessein se profile pour l'église de Franchesse...Mais il n'en sera rien : lorsque Nicolas et ses hommes vinrent accomplir leur triste besogne,ils furent repoussés sans ménagement par les courageuses femmes de Franchesse,avec, à leur tête,Françoise Clemençon,une forte personnalité de la commune...

Le 16 mai 1913,cette histoire sera racontée à Mgr Penon, évêque de moulins, venu pour la confirmation,et qui fut très impressionné par la beauté de notre belle église  ...

A suivre...
Alexandre Cornieux
N'hésitez pas à me faire parvenir vos commentaires ou tous documents, photos relatifs à Franchesse à mon adresse :03lanciers@gmail.com



nota: une version plus détaillée de cette histoire (et de bien d'autres) est disponible sur le joli site de la commune de Franchesse : franchesse.fr

Sources : Histoire de Saint-Menoux, Jacques-Jules MORET,
Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais(portrait),
Histoire du Berry ().
Photos pers. (église)

dimanche 18 octobre 2015

le petit village du bocage

il est un petit village comme tant d'autres en France; pourtant il mérite qu'on s'y intéresse , de par son histoire, son patrimoine culturel (certes modeste), mais aussi humain, comme ces personnages qui ont marqué à leur façon  l'histoire locale de ce petit village : si on parlait de FRANCHESSE ?
Le commencement 
FRANCHESSE existait déjà sans doute quand l'an 496 voit la victoire écrasante de CLOVIS sur les alamans comme en temoigne l'abbé BLETTERIE*lors des fouilles fin19e s dans l'église st Etienne,et qui mentionne la decouverte de dalles funéraires d'epoque mérovingienne.

les Alamans,peuplade germanique sont des barbares , tout comme les francs d'ailleurs; l'actuelle rue des Lanciers s'appelait autrefois chemin des alamans, traversait le bourg et s'arretait au lieu dit l'arbre sec pour continuer sur la croisée d'une voie romaine en direction de Bourges. 
Quelques decennies plus tard,Clotaire Ier (fils de clovis )devient roi des francs; il est marié à radegonde; elle naît en Thuringe(region germanique) vers 521; celle ci, révoltée par tant de barbarie(clotaire fait assassiner son frère) quitte la cour , prend le voile et fonde  l'eglise Sainte Croix à Poitiers. 

Vers 570 elle entreprend un périple de Poitiers à Arles (pour prêcher la bonne parole ), traverse le bourbonnais où elle y réalise de nombreux miracles...(à St plaisir,Marigny,et Franchesse situées sur des voies romaines) Ainsi s'explique que son souvenir s'y soit perpétué pendant 14 siecles.

Quelques traces témoignent encore de la dévotion des lanciers pour Ste Radegonde : l'actuelle chapelle St joseph de l'église St Etienne se nommait autrefois chapelle ste Radegonde.
* Auguste Bletterie,érudit,passionné d'archéologie, était curé de Laprugne (03).

De plus existe au lieu dit La Chapelle une chapelle Ste Radegonde aujourd'hui chapelle funéraire où l'on se rendait pour y déposer des rubans et des bouquets et y faire des neuvaines pour y implorer quelque miracle ... 
 Sources: paroisses bourbonnaises,vies des saints du bourbonnais(chanoine MORET )     a suivre...

vendredi 16 octobre 2015

FRANCHESSE ET LE TERRIBLE HIVER 1709 

" L'année du chair temps, que les bleds, les arbres et notamment les noyers sont tous morts.
Le froment se vendoit quatre livres(1)le boisseau(2)pour semer, les bleds ayant esté presque tous perdus par la gelée de l'hyver précédant et par les neiges"

Tels sont les propos recueillis par le chanoine moret et qui donnent l'aperçu de ce que fut le terrible hiver en cette année1709. 

L'hiver 1709 fut d'une rigueur dont on ne connaissait pas d'exemple et dura jusqu'en mars.
Fleuves et rivières gelèrent, le rhône fut arrêté dans son cours,la mer fut prise sur les côtes et partout périrent les arbres fruitiers.
En mars, au redoux, les cours d'eau débordèrent et les inondations firent d'immenses ravages.

La mortalité doubla,suite aux épidémies et à la famine. 

On se vit réduit à faire du pain en mêlant du son à de la fougère et diverses autres substances.

On recense de nombreux décès par empoisonnement dûs à la consommation de blé ergoté.

A Franchesse, en consultant les actes paroissiaux, les résultats sont sans appel :pour l'année 1709 on recense 96 décès pour seulement 34 naissances et 4 mariages.L'hécatombe perdurera sur l'année 1710 avec les épidémies puisque 92 décès,20 naissances et 9 mariages seront recensés.

(1) 4 livres représentent une somme considérable : dans les années 1700, avec 20 livres, on pouvait acheter une vache, ou 5 veaux ou encore 6 ou 7 moutons...

(2) le boisseau varie, selon les régions, de 12 à 20 litres de blé.

samedi 10 octobre 2015

LA BORNE MILLIAIRE DE FRANCHESSE

LA BORNE MILLIAIRE DE FRANCHESSE 








Implantée sur un vieux chemin communal ,reliant autrefois Franchesse à Couleuvre ,  non loin de la rivière la Bieudre  déjà connue des Celtes , et découverte par le docteur de La Coutûre alors maire de Franchesse , la borne milliaire de Margeat , témoigne d'un passé gallo-romain sur notre petite commune. Le vieux chemin communal qui l'héberge portait autrefois le nom de chemin des meuniers ,( présent sur le  cadastre napoléonien mais marqué d'aucun nom toutefois ) , hypothèse qui semblerait confirmée puisque Robert , notre  ami guide et accompagnateur qui connaît bien les lieux ,  nous a indiqué que non loin du chemin existait un moulin .

De forme parallépipédique , taillée dans la masse dans un bloc d'arkose de Bourbon ,  elle dégage  quelque chose de particulier , assez difficile à expliquer, comme une sorte de magnétisme, l'uranium étant souvent présent dans les gisements de grès arkosique , relativement bien présent sur la terre de Franchesse. 
D'une hauteur d'un peu plus d'un mètre et d'environ une quarantaine de centimètres de côté , d'un poids approximativement d'une demi-tonne d'après sa masse volumique , sa fonction première n'est pas d'indiquer une distance mais plutôt de marquer un chemin  et de signifier son entretien. 


 L'entretien des chemins de communication était autrefois à la charge des notables  proprétaires des villae et on sait que Vellat , non loin  était une importante villa , un grand domaine agricole.  Il y a fort à parier que c'est sur ordre du notable de Vellat que fût dressée cette borne . 

 Cette borne milliaire ne présenterait aucune inscription et si inscription il y avait , elle serait difficile à lire tant l'épaisse gangue de mousse qui la recouvre masque son aspect initial . A défaut d'inscription , on peut parler de borne anépigraphe .




Pour conclure , la borne milliaire de Franchesse n'a pas dévoilé tous ses secrets et pose pas mal d'interrogations :  pourquoi a t-elle été implantée à cet endroit précis du chemin , existe t-il d'autres bornes de ce type sur notre commune  ? On  sait que certaines bornes ont été détournées de leur usage premier et ont servi de socles de croix de rogations lors de la christianisation de notre pays ... Autant de questions qui méritent quelques recherches ... 



 






Alexandre Cornieux

remerciements :  
merci à Robert ,notre "guide" qui connaît si bien les lieux et à Isabelle , pour " sa logistique"  sans qui je n'aurai pas pu découvrir cette magnifique borne milliaire ..

jeudi 8 octobre 2015

lundi 14 septembre 2015

Docteur GOURAINCOURT,médecin des pauvres,château des quatre-vents Franchesse 


Jacques-Achille Gouraincourt,est né à Bourbon l'archambault, le 9 juillet 1820.

Fils d'un contrôleur des impôts indirects à Sèvres(Hauts-de-Seine ),et brillant élève du séminaire d'Yzeure (actuel Lycée Jean Monnet ), du lycée de Lyon et de Versailles, où il avait obtenu les prix d'excellence dans plusieurs classes et remporté de grands succès en histoire naturelle et en mathématiques,il commença ses études médicales à Paris dès l'âge de 19 ans (1840).Élève de Fouquier (1) et de Velpeau ( 2 ) à la Charité,il eut l'honneur d'être distingué par ce dernier et d'en devenir le secrétaire (1841-1845 )et de collaborer avec lui pour son ouvrage sur le strabisme (1842 ).
Il fut aussi l'élève de Paul Dubois ( 1795-1871 obstétricien et médecin accoucheur de l'impératrice Eugénie ) , à l'hôpital des Cliniques et répétiteur de médecine opératoire à l'École pratique.
Le 25 novembre 1844,il prend le grade de docteur grâce a sa thèse , brillante, sur l'obstétrique.Peu de temps après, il s'installe à Moulins et s'y forge un bonne réputation.Il quitte Moulins , après 4 ans d'exercice,pour s'installer à Franchesse , au château des quatre-vents , en 1848 où la mort de son père ( Achille Louis Gouraincourt né à Bourbon décède le 11 novembre 1848 à 61 ans )  le rend propriétaire de cette belle demeure.

Au tout début de l'année 1848,le 23 janvier , il s'était marié avec Claire Paule Petitjean , la fille du juge de paix de Cérilly.Le 4 décembre de la même année,naît à Cérilly, son fils, Paul Achille Maxime ( qui deviendra quelques années plus tard un juge d'instruction reconnu dans le monde judiciaire et recevra la croix de la Légion d'Honneur ).

A Bourbon, il laisse d'excellents souvenirs où il avait été médecin des pauvres et des salle d'asile,et médecin assermenté ( 1856 ) des fonctionnaires publics du canton de Bourbon. Il fut aussi conseiller municipal et adjoint au maire (1866-1870 ) et jouit d'une grande influence dans son département et on lui doit un grand nombre d'observations publiées dans divers journaux médicaux.


Réclame de 1891 où le docteur Gouraincourt cautionne un médicament moyennant , comme cela se faisait à l'époque une petite contrepartie financière ...




En 1870, pendant la guerre , il est nommé au grade de médecin aide-major au 2eme bataillon des mobilisés de l'Allier.

La même année, Achille Gouraincourt est désigné médecin en chef de l'usine de la fabrique de Champroux ( 3 ) ( commune de Pouzy près Lurcy-Lévis ) .

Il a également  été nommé pour la Croix de la Légion d'Honneur en 1869.

Après avoir passé toute sa vie professionnelle au service des plus démunis , le Docteur Gouraincourt s'éteint au matin du 7 juin 1902 à presque 82 ans dans sa demeure des quatre-vents où il  vécut  pendant plus de 50 ans.
 Il est inhumé en toute simplicité au cimetière communal de Franchesse...

 Alexandre Cornieux
 Sources : Bibliographie nationale des Contemporains et des gens de lettre, Ernest Glaeser 1878
AD 03 Franchesse , Cérilly


( 1 ) Pierre Fouquier ( 1776-1840 ) était un professeur de médecine et fut médecin de Charles X et de Louis-Philippe; il était médecin chef de l'hôpital de la Charité ( aujourd'hui disparu ) à Paris.
Pierre FOUQUIER














 ( 2 ) Alfred Velpeau ( 1795-1867 ) était un célèbre chirurgien et anatomiste ; il est également l'inventeur de la fameuse bande éponyme et son nom est devenu une marque connue  dans le monde entier.

 
Alfred VELPEAU






















 ( 3 ) La fabrique de porcelaine de Champroux était très florissante dès la fin du XVIII e siècle . Vers 1843 , elle comptait jusqu'à 180 ouvriers. Une telle main d'oeuvre s'explique peut être qu'à l'époque un ouvrier y était payé 3.60 francs par jour, un salaire énorme quand on sait qu'un journalier agricole percevait 1.70 francs/jour,un maçon 2.30 francs et un forgeron, maréchal 2.5 francs.

samedi 5 septembre 2015


PIERRE BRIZON 16 MAI-1878- 1 AOÛT 1923 SUITE ET FIN 





1919 LA FIN DE LA DÉPUTATION





La campagne électorale de Brizon pour les législatives en cette fin d'année  1919 restera marquée par divers incidents notamment lors de réunions publiques à Moulins le 28 novembre  et à Lapalisse le 8 novembre.


























Il sera finalement battu aux élections par Gaston Vidal . Était- ce une surprise ? Pas vraiment; la guerre était passée par là , les temps avaient changé; et puis Gaston Vidal était un héros de guerre : sportif émérite avant la guerre , officier courageux aux chasseurs alpins , capitaine plusieurs fois décoré ( Légion d'Honneur , Croix de Guerre avec palme ), blessé de guerre , celui-ci ne manquait pas d'arguments.











La fin d'année 1919 sera aussi pour Brizon marquée par la défaite de sa liste aux municipales de Franchesse , celui-ci arrivant bon dernier de celle-ci.








Le 8 août 1922 , Pierre Brizon épouse en secondes noces à Paris , Marcelle Eugénie Marie Marques de 13 ans sa cadette,  plus connue sous son nom de plume : Marcelle Capy. (1891/1962 ).




Marcelle Capy dans les années 30





Marcelle Capy ( photo source Wikipedia )







Conférencière reconnue ( qui savait remplir les salles d'après les documents d'époque ) , Marcelle Capy était une auteure , écrivaine , féministe et pacifiste de la première heure . 


Brizon et Capy se connaissaient depuis quelques années déjà ,et avaient collaboré dès janvier 1917 au Journal du Peuple fondé par Henri Fabre . 


Marcelle Capy était également secrétaire, rédactrice , et co-fondatrice avec Brizon du journal La Vague . 





Mais ils se séparent dès avril 1923 ; les conséquences financières de cette séparation sonneront le glas du journal La Vague le 9 mai 1923.





Malade , Pierre Brizon décède à Paris , à l'Hôtel-Dieu le mercredi  1er août 1923 des suites d'une opération d'un anthrax . Un certain nombre d'hommages posthumes lui sera rendu :












Le dimanche 4 août , Pierre Brizon est inhumé dans l'intimité familiale au cimetière de Franchesse , terre de ses racines.Il avait 45 ans . Il repose désormais juste à côté de la sépulture de son grand-père Pierre , qui porte le même prénom et qui devait être si fier de son petit-fils...





Pierre Brizon reste à mes yeux un personnage charismatique , un homme de son siècle avec ses qualités indéniables mais aussi ses parts d'ombre ( mais qui n'en a pas ? ); en d'autres circonstances , cet homme brillant aurait pu sans peine briguer les fonctions régaliennes et peut être même plus .. Peut être a t-il manqué à un certain moment de sa vie d'homme politique d'une certaine sincérité et d'humilité , deux qualités indissociables de grands hommes comme Emile Guillaumin ou du  "père" Thivrier , le député à la biaude ?

Finalement , et c'est le plus important pour moi , Pierre Brizon , l'enfant de Franchesse était un Lancier , et , à ce titre a toute sa place dans mon modeste blog .



Alexandre Cornieux

vendredi 4 septembre 2015

PIERRE BRIZON (16 MAI 1878 - 1 AOÛT 1923 ) SUITE

 - Brizon s'adressant aux journalistes : 
" Vendus ! Valetaille ! Domestiques !"

 - Le journaliste  parlementaire sur un air de chanson : 
" Brizon  est le fils d'un gnaff (*)
   qui fait des ribouis 
Mais en fait d'orthographe 
   Il sait peau d'zebi !" 

 ( * ) Un gnaff était un pauvre bougre qui subsistait en ressemelant les chaussures.


Voilà un petit échantillon très" significatif" , extrait d'un article de Paul Crouzet , de ce que pouvait être les relations entre Brizon et une certaine presse mais qui prouve que celui-ci avait " du répondant" face aux attaques. D'ailleurs les interventions de Brizon à la Chambre étaient parfois féroces, et lui vaudront même  une fois une expulsion ( pour 15 séances ) de la Chambre.

je vous livre ici en intégralité l'article de Paul Crouzet :


Journal Gil Blas édition du 29 mars 1913
Pierre Brizon l'homme de presse  


C'est en janvier 1918 que Pierre Brizon fonde le journal La Vague.L'hebdomadaire connaîtra un vif succès jusqu'au 9  mai 1923 , date de sa disparition  à laquelle  Brizon connaîtra des problèmes d'ordre personnels et financiers;
Brizon rebondira avec la création d'un nouveau journal  Le Bloc des Rouges . Seuls quelques exemplaires paraîtront jusqu'à sa mort en août 1923; c'est sous l'égide de Jules Brizon  ( 16/7/1880 Franchesse-12/12/1968 La Tronche 38 ), le frère de Pierre que sera relancé La Vague et le 11 octobre 1924, à la demande  de Jules , c'est Raoul Verfeuil qui relancera le journal.
Il perdurera quelques temps encore avant de disparaître , ses ventes chutant considérablement , dans l'indifférence générale.




A suivre ...

dimanche 30 août 2015

LE MIRACLE DE SAINT MENOUX 

Dans l'ouvrage " histoire de Saint Menoux" écrit par le chanoine MORET*,on trouve le cas d'une guérison miraculeuse d'une femme de Franchesse :





















Ce fait "miraculeux" relaté par le chanoine,remonte au mois de mars de l'année 1592





LE CHAMP DE LA JUSTICE 

A Franchesse comme d'autres communes du bourbonnais d'ailleurs,existe un lieu-dit nommé la Justice à la sortie du bourg,en direction de Limoise. Un nom bien évocateur mais qui, au moyen âge était synonyme de terreur:C'était le lieu où étaient pendus les condamnés à mort. On y dressait soit des grandes fourches,soit des grandes potences,placées dans un lieu élevé du territoire...  

*LE CHANOINE JULES-JACQUES MORET( Franchesse 17/7/1846 Moulins 19/3/1920)

Jules-Jacques MORET est né le 17 juillet 1846 dans le bourg de Franchesse,fils de Gilbert MORET(1) maréchal,au bourg de la commune.

 J.J MORET passa son adolescence à Commenty et plus tard à l'Institution Saint-Joseph de Montluçon.Ordonné prêtre le 3 juillet 1870, il exercera à Arfeuilles,puis à Montvicq en 1875 dont il fera construire l'église.(il fera lever les fonds à hauteur de 110 000 francs, une fortune pour l'époque!)

En 1888 il est nommé curé doyen de Saint-Menoux puis nommé chanoine titulaire de la cathédrale de Moulins en 1907. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont un sur l'histoire de Saint-Menoux.

1) source: AD03 N(1802-1852) V702A (acte de naissance signé par Jean-François Léveillé, maire Franchesse, qui exerçait la profession d'ingénieur civil ( Ponts et chaussées)
source : Histoire de Saint-Menoux , JJ MORET, Société d'émulation du Bourbonnais (photo et biographie)
PIERRE BRIZON ( 16 mai 1878-1er août 1923 ) SUITE


 
photo tirée du journal fondé par Henri Fabre Les Hommes du Jour du 20 mai 1916





Pierre Brizon , après avoir passé une licence en droit à l'époque où il enseignait à Rennes obtient le titre d'avocat à la Cour d'Appel de Paris . ( je ne dispose d'aucune information sur la date , ni sur le nombre de ses plaidoiries à part un bref article que je ne retrouve plus , lu dans la presse de l'époque , où Brizon aurait refusé d'assurer la défense d'un syndicaliste ).

 Réélu député ( du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919 ),il porte à la tribune de la Chambre à maintes reprises de virulentes protestations contre la guerre mettant en cause la responsabilité des dirigeants.
Il participe , du 24 au 30 avril 1916 à la conférence de Kienthal ,( qui fait suite à celle de Zimmerwald ) avec deux autres députés , Alexandre Blanc et Jean-Pierre Raffin-Dugens ,Alphonse Merrheim et Albert Bourderon n'ayant pu y participer , leurs passeports leur ayant été retirés. Le 24 juin 1916 , et c'est une première en France , il refuse de voter les crédits de Guerre.

Dès lors le " Kienthalien" Brizon sera l'objet de virulentes attaques dans la presse mais aussi à la Chambre . Je suis personnellement sidéré ( le mot est faible )par la violence des attaques verbales à l'encontre de Brizon.Les mots utilisés à son encontre dans la presse de l'époque sont d'une violence inouïe comme , je cite : " Brizon le fou ! Brizon l'inconscient ! ou encore "Brizon,le traître à la solde Boches" ! ou encore " Brizon , que la Vague ( nom de son journal ) a déposé sur le rivage des mares stagnantes de l'Allier"!
tout lui sera reproché , notamment sa non mobilisation , protégé par son mandat de parlementaire , mais aussi son changement de position par rapport au début de la guerre  comme mentionné dans cet article éloquent paru dans un quotidien :

Les journaux satiriques de l'époque ne sont pas en reste non plus comme ces deux caricatures parues vers 1917 dans le journal Fantasio et Le Rire :


Aristide Briand président du Conseil calmant les ardeurs à grands coups de jet d'eau des 3 "kienthaliens"


BRIZON LE PELERIN DE KIENTHAL



tiré du journal les Hommes du Jour





A SUIVRE ...




31juillet 1921 : inauguration du poilu à Franchesse

  Ce beau dimanche de juillet 1921, dernier jour du mois, promet d'être un grand jour ,  rompant avec la monotonie de cette belle campag...