POLYCHROMIE

Le moyen-âge chrétien décrit comme austère et sans relief , semble nous démontrer qu'il fut au contraire un terreau fertile pour les artistes de l'époque , à la recherche de la reproduction de la couleur naturelle , au travers notamment de ses églises peintes. Les précieuses couleurs de gueule, d'azur et de sinople dont l'obtention relève plus de l'alchimie que de simples mélanges de terres de Sienne ou de poudres de métaux ont pu , pour certaines d'entre elles traverser les âges et parvenir jusqu'à nous .
L'église de Franchesse ne peut plus hélas témoigner de sa splendeur picturale , car on le sait des fresques et des litres ( Ernest de La Coutûre en dénombra plus de onze ) couraient le long des murs avant que des restaurations , hasardeuses pour certaines , en particulier l'affreux badigeon qui recouvre les murs intérieurs , mais vitales pour les autres , exécutées au fil des ans , ne viennent à jamais effacer leur trace . Le mur nord , quant à lui fut entièrement rasé et reconstruit en 1888 , l'ancien menaçant de s'effondrer et avec lui l'édifice tout entier .
Il nous reste cependant quelques belles verrières XIXe à contempler ainsi que quelques statues et mobiliers. Je vais essayer de retranscrire grâce à la monographie religieuse de la paroisse Saint-Etienne de Franchesse écrite par Nicolas Soulier et Clément Montillon , curés de Franchesse , la chronologie et l'histoire fort intéressantes de ces objets religieux sur une période allant de 1850 à 1948.
Histoire d'harmoniums .
Modèle Clairgeau 1848 |
L'abbé Nicolas Soulier écrit : " 6 janvier 1852 : achat à l'abbé CLAIRGEAU d'un grand harmonium , 1000 francs."
Emile Clairgeau , facteur d'orgues , curé de Villeblevin dans l'Yonne et chanoine de la cathédrale de Sens , après avoir démarré une activité de réparation d'orgues , fonde avec un associé sa société de fabrication d'orgues et d'harmoniums . Cet instrument suscite un véritable engouement à cette époque et s'invite dans presque toutes les petites paroisses de campagne .
L'harmonium de 1852 sera remplacé en 1894 après 42 années de service par un nouveau , acheté 800 francs , financé par les quêtes . Lui même sera remplacé en 1921 par un nouveau . L'abbé Clément Montillon écrit : " Travaux importants à l'église : façades remises à neuf et contreforts refaits . Paratonnerre installé et le coq réajusté ( sans doute la foudre ? ) par les soins de M. Chavenon d'Ygrande. L'harmonium , fatigué à mourir cède sa place à un nouveau tout neuf qui donne toute satisfaction . "
Le 7 mars 1869 : il est noté dans le compte rendu du Conseil de Fabrique : " comme la plupart des vitraux ont été cassés par la grêle et le vent , il y a lieu de les faire remplacer pour éviter les courants d'air dangereux pour les assistants . " C'est en 1869 également la création du magnifique EGO SUM VITA ET VERITAS ( abside ) fabriqué par l'atelier Bourbonnais F. Brunel de Moulins. On peut lire en bas le nom du donateur M.et Mme L.E. de la Couture. J'ai consacré plusieurs articles sur Louis Ernest de la Coutûre , médecin et ancien maire de Franchesse de 1878 à 1892.

Détail du vitrail où est inscrit : " F.BRUNEL 1869" |
1871 travaux importants : le sol de l'église est entièrement refait en dalles de pierres de Volvic . Les briques de tomettes d'origine , décollées et cassées pour certaines devenaient dangereuses . Ce chantier coûta 3017 francs de l'époque . A l'occasion de ces travaux fut organisé des fouilles ( cf. mon article : " les fouilles de 1871" ).
1877 : Achat des statues de Saint-Etienne , de Saint -Joseph de la Sainte Vierge et d'un brancard . Ce brancard ( toujours présent dans l'église ) servait au transport des précieuses statues lors des processions à travers le village .
c'est aussi l'année de la restauration complète des chapelles de la Sainte vierge et de saint Joseph. De part et d'autre du chevet , ces chapelles dites rayonnantes ont été repeintes dans un style assez agréable , mais l'humidité a profondément dégradé l'ensemble pictural . C'est aussi l'année de la pose des vitraux de l'Assomption et de la mort de Saint-Joseph .Même damassé bleuté , rosaces identiques en haut et en bas des personnages , ces deux lancettes à grands personnages sont sans aucun du même verrier . L'origine cependant m'est inconnue.
Assomption de Marie |
Mort de Saint-Joseph |
Mort de Saint-Joseph ( détail ) |
On retrouve le même style dans ces lancettes à grands personnages . Elles sont l'œuvre du maitre verrier Felix Gaudin dont l'atelier réputé se trouvait à Clermont-Ferrand. On trouve , aux pieds des Saints , les phylactères avec , pour Saint Etienne " Saint Etienne , protégez Franchesse" et pour Saint Roch : " Saint Roch , patron des laboureurs , priez pour nous ".

Vitrail de Saint-Etienne ( détail ) |
Une confrérie de Sant-Roch existait à Franchesse jusque dans les années 1920 . J'avais fait part , dans un article précédent mon étonnement de constater la langue anormalement proéminente du chien de Saint-Roch , mettant cela sur le compte d'une facétie de l'auteur . Je lève aujourd'hui le " mystère " . L'animal tient en fait dans sa gueule une miche de pain . Car , selon la légende Saint-Roch , pestiféré , pour ne pas contaminer ses semblables s'était exilé en forêt. Et c'est grâce à un chien , qui chaque jour apportait du pain au saint homme , que ce dernier put survivre et dispenser ses bienfaits.
Toujours en 1879 , est procédé à la pose de nouvelles portes d'église par M. Blondeau , menuisier réputé de Moulins ,( cf mon article : Francis Marie Blondeau ) et à la restauration du portail ouest.
A suivre.
Alexandre Cornieux
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire