jeudi 22 juin 2017

FRANTZ BRUNET




Frantz (1) BRUNET est né le 27 août 1879 , dans le bourg de Franchesse , place du champ de foire  
Issu d'une famille  plus que modeste , il  est le fils de François ( né le 20 mai 1849 à Saint-Plaisir ) , cantonnier et de Marguerite DUMET, sans profession. Bon élève , il entre au lycée de Moulins poursuivre ses études , puis en 1898 entre à l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud .et enseignera jusqu’à sa retraite en 1938 comme professeur d'école normale. La similitude de son parcours scolaire et professionnel avec son ami d'enfance  (2) Pierre BRIZON  ( député maire de Franchesse ) est frappante :  même cursus aux mêmes endroits ( BRIZON , lycéen à Moulins  entre à l'ENS de Saint Cloud en 1897 ) , même profession. La similitude ne s’arrête pas là : mêmes origines sociales ( Brizon était cependant fils de petits propriétaires terriens ), même génération ( , Brizon né en mai 1878 avait un an de plus ) et même morphotype ( silhouette assez grande et élancée , 1m74 pour BRUNET, 1m73 pour BRIZON ).
Plus tard , les deux copains d'enfance continueront d'échanger au travers de correspondances assez copieuses écrites par BRIZON, de 1897 à 1904. Adhérant un temps à l'idéal socialiste de BRIZON , pendant sa jeunesse , BRUNET s'en écartera assez rapidement ; il dira plus tard " avoir regretté d'être allé hier , vers une idéologie qui le décevra." Dès lors , les deux hommes s'éloigneront l'un de l'autre , BRUNET préférant se consacrer à son maître à penser Charles PEGUY.

De 1905 à 1920 , Frantz BRUNET enseignera à l'Ecole Normale de Moulins .puis , reçu au concours d'inspecteur de l'enseignement du primaire , il exercera à CHAROLLES ( 71 ) jusqu'en 1930 et à MÂCON jusqu'à la fin de sa vie.
Lors de la mobilisation de 1914 , BRUNET sera réformé pour raison médicale .( décollement de la rétine de l’œil gauche , 4/10e de vision à l’œil droit , à la vérité ,  Frantz BRUNET était presque aveugle. )
" Sa guerre de 14 " , il la racontera bien longtemps après , dans un ouvrage , "La guerre de 14 vue de Moulins sur Allier " édité par les Cahiers du Bourbonnais , paru en 1965.
Très impliqué dans la vie associative et intellectuelle maconnaise , il était membre depuis 1926 de l'Académie de MÂCON , société des Arts , Sciences , et Belles Lettres , secrétaire adjoint de 1951 à 1955.

Il n'en avait pas oublié pour autant son Bourbonnais natal ni son petit village de Franchesse.
En 1937 , il publie son oeuvre la plus forte ," Vocabulaire Bourbonnais : le parler de Franchesse ",  véritable glossaire du patois qui ne se parle qu’au pays des Lanciers , qui le rattachait intimement à son pays de Franchesse et dira " aimer revoir , de sa petite fenêtre de jadis ,  les jardins proches , plus loin les champs et les prés descendant jusqu'au fond de la vallée ."
Non il n'avait pas oublié d'où il venait et écrira se souvenir " d'avoir vu chaque jour , mon père , le cantonnier rentrer chez lui à la nuit tombante , le dos rond , poussant sa brouette , et qui , dans l'instant d'après , mangeait sa soupe , assis derrière le poêle , le plat dans la main , vite , très vite , et très vite aussi , son pain et son fromage , et puis , qui buvait un bon coup d'eau fraîche et , tout de suite saisissait la chaise qu'il rempaille pour un gain de quelques sous .  Ma mère encore  qui , elle , le père mort (3) , se mit à laver des lessives et chercher son pain , allant aux châteaux et maisons bourgeoises les jours où l'on donnait . Jamais ne  m'est venu un regret d'avoir vécu , là , une enfance malheureuse ." 




Vouant une véritable passion pour l'oeuvre de Charles PEGUY , disais-je , plus haut , il publie deux opuscules , " En compagnie de Charles Péguy " édité en 1956 aux imprimeries BUGUET-COMPTOUR à MÂCON et en 1961 "  La morale de Charles Péguy " édité aux Cahiers du Bourbonnais .
Vers la fin de sa vie , il reviendra " aux mots qui enchantèrent sa jeunesse " en écrivant  " Le Dictionnaire du parler Bourbonnais et des régions voisines " édité en en 1964. ( librairie C. KLINCKSIECK , PARIS ) dont il avouera  qu'en l'écrivant , il avait eu " l'impression de remplir simplement , un mélancolique devoir familial " . 

Mais un soir du 27 juillet 1965 ,  sur le chemin qui le ramène chez lui au n°6 de la rue des Anémones à MÂCON , il sera tué , renversé bêtement par une voiture. Il avait 86 ans.


Frantz BRUNET était ami de longue date avec Emile GUILLAUMIN , l'écrivain paysan . Lors des obsèques de ce dernier , le 27 septembre 1951, BRUNET rendra hommage à son ami d'YGRANDE et prononcera : " Vous êtes et vous resterez celui qui a si bien décrit et raconté avec tant de vérité et d'amour le Bourbonnais natal ; vous resterez celui qui a si bien dit , parce que , porté par son génie , ce qu'il avait vu et , mieux encore , ce qu'il avait vécu." Ces mêmes mots seront repris par ses amis , à la disparition de France BRUNET , un Lancier bien de chez nous . 

Alexandre Cornieux



(1) Né au lendemain de la guerre de 1870 , il avait été baptisé France , prénom considéré par l'Eglise comme étant le diminutif de  Françoise , mais qui , à cette époque de réaction patriotique avait une toute autre résonance .  Il le " virilisa " en Frantz , dussent ses grands-parents en gémir dans leur tombe . ( sic )
(2) cf 4 articles consacrés à BRIZON
(3) Son père , François décède le 22 février 1901 à seulement 51 ans.

Source : BNF , Annales de l'Académie de Mâcon , lettre  hommage à Frantz BRUNET, par Alphonse FARGETON , ancien président , AD03 FRANCHESSE .


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