III) Le recrutement militaire
De 1791 à 1792 le volontariat est de mise pour former les bataillons mais à partir de 1793 le recrutement devient la règle et la plupart des volontaires l'étaient de force .Tous les hommes de 18 à 40 ans étaient mobilisables . Étaient exemptés les hommes infirmes et ceux dont la taille était inférieure à 5 pieds 2 pouces ( 1.598 mètre ).
Les jeunes hommes étaient désignés soit par mode de scrutin , soit par tirage au sort ; dans ce dernier cas , des billets étaient disposés dans un chapeau . Ceux qui avaient le malheur de " tirer le billet noir " , comme le jeune Goynot de Franchesse étaient recrutés .
Le procès verbal du conseil général ( le Conseil municipal se nommait " général" sous la Révolution ) de la commune de Franchesse , daté du 24 mars 1793 ci dessous nous en dit long sur le déroulement du recrutement. On verra plus tard que le jeune Sylvain Goynot , garçon charpentier ,fera parler de lui.
" Aujourd'hui vingt quatrième jour de mars mil sept cent quatre vingt treize , l'an II de la République , le Conseil général de la commune de Franchesse ,assemblé au lieu ordinaire de ses séances , sur la convocation des administrateurs du Directoire du District de Cérilly faite aux officiers municipaux qui les autorise à procéder sans la présence du citoyen Duchier , commissaire nommé pour surveiller le recrutement du canton de Burges-les-Bains aux opérations définitives dudit recrutement , nous avons fait publication de la dite convocation aux citoyens de cette commune réunis en grand nombre dedans et dehors la salle de nos séances et les avons avertis que demain , à heure de huit du matin , nous procéderons sans désemparer au recrutement des citoyens depuis l'âge de dix huit ans jusqu'à quarante ans inclusivement jusqu'à ce que le contingent qui doit être fourni soit complet .
Les dits citoyens nous ont priés d'y procéder sur le champ nous observant que leur temps était précieux pour les travaux de la campagne et qu'ils ne seraient point dérangés dans leurs travaux de culture , que presque tous étaient présents et que plusieurs d'entre eux allaient prévenir les absents .
A quoi adhérant et après avoir attendu environ deux heures pour donner le temps à tout le monde de se réunir , nous leur avons fait lecture de la loi du 24 février dernier notamment de l'article qui autorise les assemblées à établir le mode qui leur parait le plus convenable pour former leur contingent . Nous leur avons aussi présenté le tableau qui annonce le nombre d'hommes qu'ils doivent fournir est de seize , mais au moyen de ce que quatre se sont enrôlés volontairement et sont inscrits sur le registre qui a été ouvert conformément à la susdite loi , il n'en reste plus que douze à fournir pour parachever le contingent . Nous avons excité ( sic ) les citoyens à suivre l'exemple des compatriotes qui déjà se sont enrôlés et les avons engagés à préférer ce mode à celui du sort ou du scrutin , alors alternativement il s'en est présenté sept qui se sont fait enrôler par la municipalité dont quatre en présence de l'Assemblée , aux chapeaux des quels nous avons attaché une cocarde de rubans tricolores .
Les citoyens touchés de ce généreux dévouement (!) nous ont déclaré qu'il était juste d'assurer un sort ( tirage au sort ndlr ) , à ces bons citoyens; en conséquence , qu'ils nous proposaient d'inscrire ceux qui se présenteraient huit par huit , que chacun donnerait 20 livres de manière que chaque volontaire aurait une somme de 160 livres pour se procurer les besoins qu'il pourrait avoir pendant la campagne et que deux qui ne souscriraient pas , fourniraient entre eux les cinq citoyens restants .
Cette proposition mise aux voix par le citoyen Saulnier président de l'Assemblée , elle a été accueillie par la majorité .Sur-le-champ , le citoyen Moitié notre secrétaire-greffier a ouvert la souscription et il s'est présenté quatre-vingt cinq citoyens qui ont payé comptant chacun la somme de vingt livres ;le tout a été déposé entre les mains du citoyen Saulnier qui s'est obligé d'en faire raison aux dits volontaires lorsqu'ils auront été reçus par l'officier à qui la municipalité doit les représenter. Les citoyens souscripteurs , retirés de la liste , le nombre des restants s'est trouvé être de vingt-trois qui , au moyen du mode adopté , devaient fournir les cinq citoyens restants pour compléter le contingent .
Plusieurs nous ont observé qu'ils étaient traités plus rigoureusement que leurs concitoyens puisque huit se trouvaient n'avoir fourni qu'un seul homme tandis qu'eux qui n'étaient que vingt-trois devaient en fournir cinq .Cette observation proposée à l'Assemblée tous unanimement que leur réclamation était juste et quoiqu'ils aient donné déjà chacun vingt livres , qu'ils offraient encore de souscrire pour la somme de 160 livres pour le premier qui se présenterait volontairement, qu'alors les dits vingt-trois citoyens n'en auraient plus que quatre à fournir . Aussitôt le citoyen Duval , faisant partie des vingt-trois s'est présenté , a demandé une cocarde et s'est fait enrôler .Proposé aux vingt-deux citoyens restants le mode qu'ils entendaient choisir pour fournir les quatre citoyens qu'ils étaient obligés de donner parmi eux , ils nous ont déclaré qu'ils préféraient la voie du sort .Sur-le-champ , en leur présence ,il a été fait 22 billets sur quatre desquels a été inscrit " Défenseur de la Patrie " , pliés et mis dans un chapeau aussi en leur présence et après avoir été remués , le citoyen Beraud a fait l'appel nominal et le citoyen Goynot le jeune ,garçon charpentier au bourg s'est trouvé absent , l'Assemblée a décidé que son billet serait tiré par un enfant . Aussitôt le fils de Devillers s'est présenté et a sorti du chapeau un des billets qui a été ouvert en présence de l'Assemblée sur lequel était écrit " Défenseur de la patrie " . Alors , il a été proclamé volontaire .Quatre billets blancs sont sortis ensuite , trois autres ont été tirés par Claude Charles , tailleur ( d'habits ) à la Font- Pinet , Balthazar Bouillon , laboureur au même endroit et le nommé Joachim , domestique à Avreuil , ouverts alternativement en présence de l'Assemblée , ils se sont tous les trois trouvés écrits " Défenseur de la Patrie" , ils sont pareillement été proclamés comme volontaires et comme le contingent s'est trouvé formé , les autres citoyens n'ont plus tiré , cependant , pour éviter toute espèce de suspicion , le citoyen Saulnier a ouvert les billets restants dont le nombre était égal aux citoyens qui devaient tirer. tous ont été reconnus blancs . Alors notre opération terminée , nous avons déclaré à l'Assemblée que la séance était levée en leur recommandant de se conduire toujours avec le même patriotisme qu'ils avaient témoigné pendant la tenue de l'Assemblée .
De tout quoi nous avons dressé le présent procès verbal pour être copié et iceluy envoyé au District . Fait, clos les jours , mois et an que dessus , heure de huit du soir et avons signé avec notre secrétaire-greffier.
SAULNIER maire, BERAUD procureur de la commune , MOITIE secrétaire-greffier , FLOUZAT , PEUBRIER, BERTHON, LALOT.
Trois semaines plus tard , on apprend que le jeune GOYNOT , qui avait tiré " le billet noir " ( ou plutôt tiré par la main innocente d'un enfant , Goynot absent le jour du tirage ) et donc mobilisé , va déserter :
" Aujourd'hui seizième jour d'avril mil sept cent quatre vingt treize , l'An II de la République française , sur la convocation du citoyen procureur de la commune de Franchesse , ma municipalité assemblée au lieu ordinaire de ses séances , lequel procureur de la commune a remontré que le nommé GOYNOT le jeune , garçon charpentier chez Pierre GOYNOT son oncle , qu'aussitôt qu'il est tombé au sort le vingt-quatre mars dernier pour faire partie du contingent de la dite commune , s'est évadé et qu'après plusieurs informations , on avait pu découvrir le lieu où il était , qu'il était instant d'écrire aux administrateurs du district de la Souterraine d'où le village du Maine ( Creuse ) lieu ordinaire d'habitation du dit GOYNOT relève ,afin de prendre les renseignements sur la fuite du dit GOYNOT et découvrir ses démarches et sa vraie résidence actuelle . Après avoir entendu et ouy le dit procureur de la commune ,avons fait rassembler tous les volontaires qui se sont trouvés être au nombre de quinze et qui nous ont confirmé que les dires du dit procureur de la commune étaient vrais et qu'effectivement , le dit GOYNOT était parti de cette commune depuis le recrutement et qu'il n'avait point reparu depuis .
De tout quoy et adhérant aux conclusions dudit procureur de la commune , avons rédigé présent procès-verbal et écrit sur-le-champ aux citoyens administrateurs du district de la Souterraine pour les prier de faire toutes les démarches nécessaires à l'effet de découvrir ledit GOYNOT et en cas qu'il soit trouvé , de faire conduire de brigade en brigade au chef-lieu de notre département .
A Franchesse, les jours mois et an que dessus.
Signé PEUBRIER , SADDE , SAULNIER maire , BERAUD, MOITIE
De 1791 à 1792 le volontariat est de mise pour former les bataillons mais à partir de 1793 le recrutement devient la règle et la plupart des volontaires l'étaient de force .Tous les hommes de 18 à 40 ans étaient mobilisables . Étaient exemptés les hommes infirmes et ceux dont la taille était inférieure à 5 pieds 2 pouces ( 1.598 mètre ).
Les jeunes hommes étaient désignés soit par mode de scrutin , soit par tirage au sort ; dans ce dernier cas , des billets étaient disposés dans un chapeau . Ceux qui avaient le malheur de " tirer le billet noir " , comme le jeune Goynot de Franchesse étaient recrutés .
Le procès verbal du conseil général ( le Conseil municipal se nommait " général" sous la Révolution ) de la commune de Franchesse , daté du 24 mars 1793 ci dessous nous en dit long sur le déroulement du recrutement. On verra plus tard que le jeune Sylvain Goynot , garçon charpentier ,fera parler de lui.
" Aujourd'hui vingt quatrième jour de mars mil sept cent quatre vingt treize , l'an II de la République , le Conseil général de la commune de Franchesse ,assemblé au lieu ordinaire de ses séances , sur la convocation des administrateurs du Directoire du District de Cérilly faite aux officiers municipaux qui les autorise à procéder sans la présence du citoyen Duchier , commissaire nommé pour surveiller le recrutement du canton de Burges-les-Bains aux opérations définitives dudit recrutement , nous avons fait publication de la dite convocation aux citoyens de cette commune réunis en grand nombre dedans et dehors la salle de nos séances et les avons avertis que demain , à heure de huit du matin , nous procéderons sans désemparer au recrutement des citoyens depuis l'âge de dix huit ans jusqu'à quarante ans inclusivement jusqu'à ce que le contingent qui doit être fourni soit complet .
Les dits citoyens nous ont priés d'y procéder sur le champ nous observant que leur temps était précieux pour les travaux de la campagne et qu'ils ne seraient point dérangés dans leurs travaux de culture , que presque tous étaient présents et que plusieurs d'entre eux allaient prévenir les absents .
A quoi adhérant et après avoir attendu environ deux heures pour donner le temps à tout le monde de se réunir , nous leur avons fait lecture de la loi du 24 février dernier notamment de l'article qui autorise les assemblées à établir le mode qui leur parait le plus convenable pour former leur contingent . Nous leur avons aussi présenté le tableau qui annonce le nombre d'hommes qu'ils doivent fournir est de seize , mais au moyen de ce que quatre se sont enrôlés volontairement et sont inscrits sur le registre qui a été ouvert conformément à la susdite loi , il n'en reste plus que douze à fournir pour parachever le contingent . Nous avons excité ( sic ) les citoyens à suivre l'exemple des compatriotes qui déjà se sont enrôlés et les avons engagés à préférer ce mode à celui du sort ou du scrutin , alors alternativement il s'en est présenté sept qui se sont fait enrôler par la municipalité dont quatre en présence de l'Assemblée , aux chapeaux des quels nous avons attaché une cocarde de rubans tricolores .
Les citoyens touchés de ce généreux dévouement (!) nous ont déclaré qu'il était juste d'assurer un sort ( tirage au sort ndlr ) , à ces bons citoyens; en conséquence , qu'ils nous proposaient d'inscrire ceux qui se présenteraient huit par huit , que chacun donnerait 20 livres de manière que chaque volontaire aurait une somme de 160 livres pour se procurer les besoins qu'il pourrait avoir pendant la campagne et que deux qui ne souscriraient pas , fourniraient entre eux les cinq citoyens restants .
Cette proposition mise aux voix par le citoyen Saulnier président de l'Assemblée , elle a été accueillie par la majorité .Sur-le-champ , le citoyen Moitié notre secrétaire-greffier a ouvert la souscription et il s'est présenté quatre-vingt cinq citoyens qui ont payé comptant chacun la somme de vingt livres ;le tout a été déposé entre les mains du citoyen Saulnier qui s'est obligé d'en faire raison aux dits volontaires lorsqu'ils auront été reçus par l'officier à qui la municipalité doit les représenter. Les citoyens souscripteurs , retirés de la liste , le nombre des restants s'est trouvé être de vingt-trois qui , au moyen du mode adopté , devaient fournir les cinq citoyens restants pour compléter le contingent .
Plusieurs nous ont observé qu'ils étaient traités plus rigoureusement que leurs concitoyens puisque huit se trouvaient n'avoir fourni qu'un seul homme tandis qu'eux qui n'étaient que vingt-trois devaient en fournir cinq .Cette observation proposée à l'Assemblée tous unanimement que leur réclamation était juste et quoiqu'ils aient donné déjà chacun vingt livres , qu'ils offraient encore de souscrire pour la somme de 160 livres pour le premier qui se présenterait volontairement, qu'alors les dits vingt-trois citoyens n'en auraient plus que quatre à fournir . Aussitôt le citoyen Duval , faisant partie des vingt-trois s'est présenté , a demandé une cocarde et s'est fait enrôler .Proposé aux vingt-deux citoyens restants le mode qu'ils entendaient choisir pour fournir les quatre citoyens qu'ils étaient obligés de donner parmi eux , ils nous ont déclaré qu'ils préféraient la voie du sort .Sur-le-champ , en leur présence ,il a été fait 22 billets sur quatre desquels a été inscrit " Défenseur de la Patrie " , pliés et mis dans un chapeau aussi en leur présence et après avoir été remués , le citoyen Beraud a fait l'appel nominal et le citoyen Goynot le jeune ,garçon charpentier au bourg s'est trouvé absent , l'Assemblée a décidé que son billet serait tiré par un enfant . Aussitôt le fils de Devillers s'est présenté et a sorti du chapeau un des billets qui a été ouvert en présence de l'Assemblée sur lequel était écrit " Défenseur de la patrie " . Alors , il a été proclamé volontaire .Quatre billets blancs sont sortis ensuite , trois autres ont été tirés par Claude Charles , tailleur ( d'habits ) à la Font- Pinet , Balthazar Bouillon , laboureur au même endroit et le nommé Joachim , domestique à Avreuil , ouverts alternativement en présence de l'Assemblée , ils se sont tous les trois trouvés écrits " Défenseur de la Patrie" , ils sont pareillement été proclamés comme volontaires et comme le contingent s'est trouvé formé , les autres citoyens n'ont plus tiré , cependant , pour éviter toute espèce de suspicion , le citoyen Saulnier a ouvert les billets restants dont le nombre était égal aux citoyens qui devaient tirer. tous ont été reconnus blancs . Alors notre opération terminée , nous avons déclaré à l'Assemblée que la séance était levée en leur recommandant de se conduire toujours avec le même patriotisme qu'ils avaient témoigné pendant la tenue de l'Assemblée .
De tout quoi nous avons dressé le présent procès verbal pour être copié et iceluy envoyé au District . Fait, clos les jours , mois et an que dessus , heure de huit du soir et avons signé avec notre secrétaire-greffier.
SAULNIER maire, BERAUD procureur de la commune , MOITIE secrétaire-greffier , FLOUZAT , PEUBRIER, BERTHON, LALOT.
Trois semaines plus tard , on apprend que le jeune GOYNOT , qui avait tiré " le billet noir " ( ou plutôt tiré par la main innocente d'un enfant , Goynot absent le jour du tirage ) et donc mobilisé , va déserter :
" Aujourd'hui seizième jour d'avril mil sept cent quatre vingt treize , l'An II de la République française , sur la convocation du citoyen procureur de la commune de Franchesse , ma municipalité assemblée au lieu ordinaire de ses séances , lequel procureur de la commune a remontré que le nommé GOYNOT le jeune , garçon charpentier chez Pierre GOYNOT son oncle , qu'aussitôt qu'il est tombé au sort le vingt-quatre mars dernier pour faire partie du contingent de la dite commune , s'est évadé et qu'après plusieurs informations , on avait pu découvrir le lieu où il était , qu'il était instant d'écrire aux administrateurs du district de la Souterraine d'où le village du Maine ( Creuse ) lieu ordinaire d'habitation du dit GOYNOT relève ,afin de prendre les renseignements sur la fuite du dit GOYNOT et découvrir ses démarches et sa vraie résidence actuelle . Après avoir entendu et ouy le dit procureur de la commune ,avons fait rassembler tous les volontaires qui se sont trouvés être au nombre de quinze et qui nous ont confirmé que les dires du dit procureur de la commune étaient vrais et qu'effectivement , le dit GOYNOT était parti de cette commune depuis le recrutement et qu'il n'avait point reparu depuis .
De tout quoy et adhérant aux conclusions dudit procureur de la commune , avons rédigé présent procès-verbal et écrit sur-le-champ aux citoyens administrateurs du district de la Souterraine pour les prier de faire toutes les démarches nécessaires à l'effet de découvrir ledit GOYNOT et en cas qu'il soit trouvé , de faire conduire de brigade en brigade au chef-lieu de notre département .
A Franchesse, les jours mois et an que dessus.
Signé PEUBRIER , SADDE , SAULNIER maire , BERAUD, MOITIE
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