dimanche 27 décembre 2020

Faits marquants de l'année 1890

 Faits marquants de l'année 1890


le moulin Goury ( vue cadastrale 1832 )


L'an 1890 reste marqué par deux faits importants comme en atteste le procès-verbal du registre des délibérations du Conseil municipal de Franchesse.

1° frais de curage du ruisseau  Bieudre.

On peut lire : " Le président donne communication au Conseil du dossier de l'enquête relative au projet de curage du ruisseau Bieudre sur le territoire de la commune de Saint-Plaisir , partie limitrophe avec la commune de Franchesse comprise , établi sur demande  du maire de Saint-Plaisir . D'après les conclusions du rapport de M. l'ingénieur en date du 7 novembre1890 , il y aurait lieu d'ordonner aux frais des riverains le curage de la rivière conformément aux plans et profils établis par lui . 

Le Président fait connaitre qu'aux termes d'un arrêt de la Cour de Cassation du 10 juin 1846 , les cours d'eau non navigables ni flottables n'appartiennent pas aux riverains. Ils rentrent dans la classe des choses qui n'appartiennent à personne , dont l'usage est commun à tous et dont la jouissance est réglée par les lois de la police . Les riverains n'étant pas propriétaires du fond de la rivière  , il semble qu'on ne peut pas leur faire payer les frais de curage de cette rivière . En outre , il est de notoriété publique que ce sont les barrages des trop nombreux moulins établis sur la Bieudre , sans règlement administratif de niveau d'eau qui sont cause des inondations  et de la perte des fourrages des riverains seuls à chaque pluie un peu abondante et que , si le curage projeté est exécuté , la première crue qui suivrait , ensablerait et envaserait à nouveau les mêmes points de la rivière ,que ce serait alors une dépense inutile. Les propriétaires riverains intéressés , MM. Amédée Saulnier, Guillaume Grandpré , et Mme Elisa Perceau  ( Il est important de noter que les 3 personnes citées font partie des plus gros propriétaires fonciers de Franchesse et sont de ce fait plus imposées ) s'opposent de toutes leurs forces à la réalisation de ce projet de curage .

Le Conseil exprime l'avis : 1) que le projet de curage n'est pas nécessaire , car la rivière est très profonde , et que ce sont les trop nombreux moulins sans règlement d'eau qui sont cause et resteront la cause , tant qu'ils existeront , des inondations et des pertes des riverains qui non seulement ne se plaignent pas ( les riverains Franchessois ndlr ) mais sont mêmes opposés à ce projet , il y a lieu de ne pas le mettre à exécution .

2) Que pour parer autant que possible  , étant donné l'existence des moulins trop rapprochés les uns des autres , aux inondations de la vallée à la moindre pluie un peu abondante ,les moulins soient tous tenus d'avoir un règlement du niveau  fixé par le service hydraulique et pourvus en outre d'un déversoir , que les meuniers soient obligés de lever les vannes de leur empellement au moment nécessaire pour éviter l'inondation des rives et qu'une surveillance sérieuse soit exercée sur ces *usines pour qu'elles n'établissent jamais une hausse artificielle au-dessus  du niveau fixé par le service hydraulique ."


Le souhait du maire de Saint-Plaisir aura donc fait long feu . La Bieudre ne serpente qu'à l'extrême nord-ouest de la commune de Franchesse formant limite administrative avec Saint-Plaisir . La présence nombreuse de moulins sur la petite rivière est connue depuis le 16ème siècle et pour certains leurs noms ont été conservés :  le moulin Goury ( 1530) , le moulin d'Avreuil , le moulin Pauderac ( lieu-dit Paudrap actuellement ) , le moulin des Montet ( lieu-dit le Mont en ruine en 1603 ), le moulin Mariat (1606) , pour ne citer que ceux se trouvant proche de la Bieudre .  

* Le terme usine utilisé pour définir le système hydraulique des moulins est tiré du vieux Français " ozine" . A Franchesse existait jadis le moulin de Boulle avec ozine venant de l'étang de Bouquetraut .

An 1890 , une année de misère .

Toujours pour cette année de disette , on perçoit dans le procès-verbal du Conseil municipal toute l'impuissance de la commune à porter assistance aux plus démunis encore bien nombreux cette année là : " La misère a été grande cette année par suite de la rigueur du temps ; il a fallu secourir bon nombre de malheureux qui ne pouvaient plus travailler et se trouvaient dans la plus grande nécessité . Il n'a même pas été possible de soulager toutes les infortunes  et on a fait que parer aux plus pressants besoins ; malgré cela le chiffre des secours accordés par la commune a été considérable et très élevé pour ses ressources . Ainsi , il est dû aux deux boulangers de la commune pour fournitures de pains aux indigents pendant l'année 1890 la somme de 385.02 F. De plus le sieur Peyrethon , menuisier fossoyeur réclame pour cercueil et fosse d'indigent 26.50F soit au total 411.52 F.

Or pour payer cette dépense , la commune n'a qu'un crédit de 100 F inscrit au budget primitif de 1890 et encore ,il ne reste sur ce crédit que 30.54F de disponibles     attendu que 69.46 F ont été prélevés pour payer le reliquat de pain des indigents de l'année 1889 . C'est donc un déficit  de 380.98F qu'il faut combler .

Pour ne pas trop faire attendre les fournisseurs , le Conseil est d'avis d'affecter au paiement d'une partie de ces dépenses  le crédit de 250 F inscrit au budget primitif de 1891; ce qui ferait en tout une somme de 280.54 F dont on pourrait disposer et réduirait le déficit à 130.98 F et exprime le vœu que M. le Préfet veuille bien allouer à titre de secours à la commune de Franchesse , soit sur le crédit de 6 millions voté par le Parlement pour secourir les malheureuses victimes du froid , soit sur le crédit départemental des amendes de police rurale et municipale ou sur tout autre qui se trouverait disponible au moins la somme de 130.98 F qui lui manque pour parfaire celle de 411.52 F dépensée en 1890. "

L'hiver 1890 fut terrible et mit en grande souffrance la population Franchessoise , souffrance à peine allégée tant le manque criant de moyens financiers de la petite commune de Franchesse , très pauvre , se faisait sentir .

Alexandre


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