vendredi 3 août 2018

PIERRE GUESTON , CURÉ DE FRANCHESSE , DÉPORTÉ SOUS LA RÉVOLUTION




Signature de Pierre GUESTON ( Arch. dép de l'Allier )


Enfant du Bourbonnais , Pierre GUESTON est né le 15 août 1729 à le Theil dans l'Allier .Il est le fils de Jean GUESTON , ( Tronget 1687-Fleuriel 1739 ) fermier de la seigneurie de Fontvieille et de la Vauvre à Fleuriel et de Marie Berthon ( 1697-1770 ) . Il débute sa carrière ecclésiastique comme vicaire à Theneuille ( de 1756 à 1758 ) . le 31 août 1758 , il a la charge de la paroisse de Franchesse et débute son ministère par le baptême de marie Vallet et le termine le 18 décembre 1762 par la sépulture de Marie Marien.
C'est en tant que vicaire que Pierre GUESTON assure l'intérim , le poste du curé titulaire tenu par Antoine Jenyn étant vacant .En effet , le curé Jenyn avait à cette époque de grandes difficultés avec le seigneur du Pontet , qui se refusait à payer les redevances des trois messes de la chapelle ( chapelle Saint-Pierre du Pontet ).En dépit de l'appui de l'archevêque de Bourges qui donne raison au curé de Franchesse , le seigneur du Pontet , après avoir fait des réflexions méchantes sur le curé et à l'administration ecclésiastique de Bourges , ajouta en parlant des chanoines de la collégiale de Moulins : " Pour relever le chapitre royal de Notre Dame de la ville de Moulins , dont la modestie des membres leur a obtenu la rotonde et la ceinture écarlates , il serait nécessaire , pour la gravité de leurs belles manières d'avoir la soutane violette et , à la tête de ce majestueux corps , un prélat digne de l'épiscopat pour décorer cette capitale fondée par la très ancienne maison royale de Bourbon . Leurs sujets seraient plus tranquilles et n'auraient pas tant de peine pour obtenir justice ..! "

En 1763 , Pierre GUESTON est nommé curé de Saint-Angel ( 03 ) et le restera jusqu'en 1792 . C'est à partir de cette date que va débuter un véritable calvaire pour l'homme d'église , fomenté par l'exacerbation révolutionnaire . Toute une série de textes et décrets visant à détruire le catholicisme en France sont promulgués ; on impose dès 1792 aux ecclésiastiques le serment de " Liberté-Égalité " dont voici la teneur : "Je jure d'être fidèle à la Nation , de maintenir de tout mon pouvoir la Liberté , l'Égalité ou de mourir à mon poste " . Puis , en avril 1793 le décret suivant : " Ceux qui n'ont pas prêté le serment de Liberté-Égalité seront déportés en Guyane , les autres resteront chez eux à titre précaire , à condition de ne pas être dénoncés , et en octobre de la même année un autre décret condamnera à la déportation " les inciviques " sauf les plus de 60 ans , les infirmes et les " caducs " . 
P. Boutin , prêtre , membre de la Société d'Émulation de la Vendée écrit en 1913 : " Il est impossible , considérant les actes révolutionnaires dans leur globalité , de ne pas voir qu'ils étaient décidés à détruite la religion catholique et qu'ils voulaient faire servir à ce dessein , l'amour de la Liberté et de l'Égalité , qu'ils déclaraient toutes deux incompatibles avec le catholicisme .
Partout en France on déporte en bloc ceux qui refusent de prêter serment , les Insermentés . Dans le département de l'Allier qui compte 484 prêtres , 426 prêtèrent serment , 20 ensuite se rétractèrent et 56 refusèrent . La ligne de conduite du directoire du département de l'Allier est très claire : " La présence de ces individus ( les ecclésiastiques ndlr ) dans le département retarde la marche de la Révolution en entretenant toutes les anciennes erreurs parmi une portion de citoyens crédules qui a contracté la trop funeste habitude de se laisser séduire par les impostures de toute espèce de cette caste fanatique " ( Archives dép. Allier L80 ) .
Le paroxysme anticlérical est atteint le 31 juillet 1794 à Moulins : " Autorisation est donné au Sieur Marcillat d'enlever au cimetière d'Yzeure les pierres de Volvic qui s'y trouvent actuellement employées à couvrir les sépultures et qui sont nécessaires à la construction de moulin à bras propre à moudre le bled " (Archives dép. Allier L81 fol.160) . Plus rien ne sera respecté , pas même les tombes .
Pierre GUESTON , l'ancien curé de Franchesse , fidèle à ses convictions religieuses refusera de prêter serment et se portera volontaire pour l'exil . N'ayant en principe rien à craindre , ( il a plus de 60 ans et est donc protégé par la loi ) il sera quand même déporté. Avec lui , 75 religieux âgés de 27 à 75 ans seront regroupés dans la chapelle Sainte-Claire de l'ancien couvent des Clarisses à Moulins.

Ci dessous  la chapelle Sainte-Claire , rue de la Comédie à Moulins . Vendue comme bien national , elle servira de geôle aux prêtres réfractaires avant qu'ils ne soient déportés .









Là se formeront 3 convois ( Pierre GUESTON était dans le premier convoi ) à destination de la Guyane , de l'Afrique ou de Madagascar . Mais avant cela , il fallait atteindre le port de  Rochefort . Le trajet passait par Souvigny , Montluçon , Guéret , Limoges , Saint-Junien , La Rochefoucauld , Angoulême , Jarnac , Cognac , Saintes et finalement Rochefort . On devine sans peine le supplice de ce voyage interminable qui mènent les religieux jusqu'à Rochefort mais cela n'est que le début de leur calvaire.

La présence sur les eaux de croiseurs Anglais et la pénurie de bateaux obligent les autorités révolutionnaires à répartir les religieux sur des pontons en baie de Charente . Les bateaux négriers " Les Deux Associés " , le " Washington " , le " Borée " et le " Bonhomme-Richard " sont amarrés au quai et servent de lieux de détention . Pierre GUESTON est détenu sur le navire " Les Deux Associés ". Les conditions d'hygiène et de vie y sont terribles . 409 ecclésiastiques y sont entassés . Ils subissent privations , le froid , et des épidémies s'y déclarent : près des trois quarts des déportés perdent la vie , rien que sur le bateau " les deux Associés " . Le chirurgien , chargé de l'état sanitaire des bateaux dénombre en juillet 1794  pas moins de 87 malades et 112 morts , sur un peu plus de 400 religieux . Comble de l'horreur , on jette d'abord les corps à la mer puis on les enterre sur les îles voisines ( île d'Aix , île Madame ). Le convoi des déportés de l'Allier reste l'un des plus importants , derrière le département de la Meuse ( 119 déportés ). Sur les 76 déportés de l'Allier , 62 y laisseront la vie ( 31 étaient natifs de l'Allier et 55 y étaient en fonction ).Seuls 14 déportés survivront . Mort sans doute de maladie et de privations , Pierre GUESTON bien qu'indigent fut déporté ; il meurt le 14 mai 1794 ; il avait 65 ans . Sa dépouille repose sur l'île d'Aix .
Alexandre Cornieux


Source : D'après Jacques CORROCHER ,"  Pour en finir avec la liste des prêtres de l'Allier déportés sous la révolution ( 1793-1794 )" paru dans les Etudes Bourbonnaises . 
P.BOUTIN , prêtre , membre de la Société d'Emulation de la Vendée ( 1913 ) . 
Archives départementales de l'Allier.












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  Ce beau dimanche de juillet 1921, dernier jour du mois, promet d'être un grand jour ,  rompant avec la monotonie de cette belle campag...